mardi 30 août 2011

Passage au Sichuan

Afin de rejoindre notre prochaine étape, la ville de Chengdu dans le Sichuan, nous devons faire un long voyage pour sortir des montagnes (8h de bus) puis ensuite 15h de train. Tout aurait pu s’enchainer, cependant le train étant pris d’assaut et n’ayant pu réserver à l’avance, nous nous retrouvons en transit dans une ville inconnue de tous les guides touristiques. A cette occasion, nous avons fait quelques expériences amusantes à partager avec vous :

  • Le cybercafé : afin de trouver un hôtel correct, nous souhaitions consulter Internet. Une fois le cybercafé trouvé (et ce ne fut pas une mince affaire), nous n’étions pas au bout de nos peines car le responsable nous a exigé des cartes d’identité chinoise et n’a jamais lâché. Alors imaginez notre stupéfaction, nous avons eu beau montrer nos passeports, faire un petit esclandre voire un sitting sur place, nous sommes repartis bredouille. Pour information, ça fait partie des raisons pour lesquelles des opérateurs comme Google ont pris la décision (malgré l’immense marché chinois) de quitter le pays, car les procédures de suivi / de pistage sont trop lourdes et contraignantes. Nous sommes quand même dans un pays communiste très surveillé.
  • L’épreuve du restaurant : nous avons voulu essayer un restaurant chinois assez commun, où le principe est d’avoir un bouillon brulant au milieu de la table, puis vous choisissez les mets que vous souhaitez faire bouillir (le genre d’une fondue bourguignonne à la carte), viande, légumes, poissons…ça s’appelle le « Hotpot ». Nous avons d’abord eu des problèmes pour commander, impossible de lire la carte alors les yeux rivés sur le dictionnaire, nous avons trouvé tomate, pommes de terre, tofu et pates ! Mais ce n’était que le début car ne sachant pas comment manger, nous avons vraiment eu l’air de C-NS en demandant aux serveuses de nous montrer quel était le rituel (mettre les mets un à un en fonction de leur besoin en cuisson, servir le bouillon, laisser cuire, servir aux baguettes….). C’était très amusant mais nous étions vraiment ridicules, afin nous nous en sommes sortis et en plus c’était plutôt bons !
  • L’expérience de l’hôtel : soit disant de luxe, il s’appelait « SoTel » mais sur bon nombre de fournitures, il était mentionné « SoFiTel », donc nous pensons que le faux SoFiTel s’est fait épingler et est devenu « SoTel ». Dans un sens, tant mieux car avez-vous déjà vu toutes sortes de gadgets érotiques (huiles, pilules bleues, préservatifs, anneaux…) en libre service dans votre chambre du Sofitel ?  Et à notre grande déception, la chambre voisine a du faire le tour de toute la gamme, et des ébats chinois ne sont point silencieux !

  • L’expérience du train chinois : tel du bétail, nous étions parqués jusqu’au dernier moment puis ils ont lâché les fauves sur le quai tous pressés (comme d’habitude) pour rejoindre le train. Nous pensions nous faire écraser mais finalement un contrôleur a eu pitié de nous et nous a proposé de partagé le compartiment des agents, climatisé avec couchettes. Malgré cela, le voyage fut pénible, 15h enfermés et enfumés (il est bien loin le temps en France où ça se passait ainsi, quoique ?...), nous en avions ras le bol malgré le paysage montagneux qui nous obligea à traverser de nombreux tunnels.

Toutes ces expériences passées, nous arrivons enfin le lendemain soir à Chengdu où nous passerons 3 jours. Le principal objectif était la visite du centre de recherche et d’élevage des pandas géants. Cependant, nous avons découvert une ville bien sympathique pour les raisons suivantes : traversée par un cours d’eau, les quais sont emménagés et propices à la ballade, que nous avons faite, nous sentant ainsi un peu sur les quais de Seine ;  il y a de nombreux parcs, tous avec leurs spécialités mais toujours très animés par des danses, orchestres, spectacles, jeux et nous sommes surpris par l’affluence en milieu de journée (ces gens ne travaillent pas, mais elle est où la croyance selon laquelle les chinois sont des bourreaux de travail ?). Se balader dans ces espaces est toujours très agréable et les rencontres sont nombreuses ; comme à leur habitude, les chinois ont complètement refait un quartier historique et commerçant, mais ce qui est amusant, c’est qu’ils ont fait du neuf qui a pour objectif de ressembler à du vieux (ils sont fous ces chinois). Cependant le résultat est très réussi, ces petites ruelles piétonnes (un peu aseptisées certes), accueillent de part et d’autre des maisons traditionnelles (grande demeure avec patio central) avec des portes colossales et des toits ondulés, d’un grand esthétisme, usant de bois, de briques noires, de bronze, de calligraphies et jouant avec les couleurs quand la nuit tombe. Le résultat est vraiment très mignon et c’est avec plaisir que nous avons déambulé dans ce quartier ; Autre satisfaction, la visite d’un temple taoïste, magnifique ensembles de petits temples en charpente de bois sculpté avec de riches ornementations et accueillant des divinités à vénérer (nous vous proposons un petit précis sur le taoïsme plus loin) ; enfin, clou du spectacle, nous avons même trouvé une bonne cantine familiale, sympathisant avec la fille du cuisinier, le menu en chinois n’a plus eu de secrets pour nous et nos papilles se sont extasiées, par contre, la cuisine du Sichuan est réputée pour « mettre le feu à la bouche », et bien sans concession, nous confirmons !!! 

Une des magnifiques maisons traditionnelles by-night
Le vieux quartier encerclé par les hauts buildings
Une belle porte traditionnelle
Cours de gymnastique traditionnelle en pleine rue
Sinon sur les côtés plus classiques et bien, la ville est bondée avec ses 4,1 millions d’habitants et le centre névralgique regorge de centres commerciaux, buildings modernes, enseignes de luxe et voitures de luxe. C’est là que l’on prend conscience de la société à 2 vitesses chinoises : les riches sont extrêmement riches et toujours plus riches, tandis que la classe moyenne a accédé à la société de consommation mais se retrouve frustrée par ce qu’elle ne peut pas accéder à tout. Enfin, il faut noter que même si cette société subit de plein fouet la mondialisation et le capitalisme, il reste de bonnes touches de communisme avec de bons côtés, nous pensons par exemple aux infrastructures publiques (nous avons par exemple essayé la piscine municipale, sensationnelle !), à la rigueur et à l’organisation très disciplinée ainsi qu’à la sécurité qui plane (du fait des peines encourues) : on appelle ça, « gouverner par la terreur » !
Vue sur la ville et leurs taxis verts, des "Citroen l'Elysée" !
Un parc à l'heure des danses traditionnelles
Un autre parc à l'heure des jeux

Comme promis, petite digression sur le taoïsme : pour remettre en contexte, les chinois suivent 3 courants principaux : le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme qui sont plus des pensées et modes de vie que des religions. Concernant le taoïsme,  il est né aux alentours du 3ème siècle avant JC à travers les textes de 2 fondateurs principaux : Lao Tseu et Zhuangzi (natif du Sichuan, d’où la forte tonalité taoïste de cette région). Cette philosophie propose une quête personnelle, forme de méditation passive afin de trouver la « Voie »,c’est-à-dire de lâcher prise, laisser le monde agir pour revenir à l’état naturel, à l’unité originale du monde fait de visibles et invisibles, de vides et de pleins, de noir et de blanc…. La force du naturel se retrouve dans l’utilisation du yin et du yan qui, loin de s’opposer, ils s’interpénètrent et se complètent.

Un taïoste en prière

Bon alors, je parle je parle, mais vous vous demandez où sont ces pandas, nous y venons… cette réserve, célèbre dans toute la Chine, accueille une importante population de pandas géants et de pandas rouges. En charge de son étude, le centre œuvre pour éviter l’extinction de ces espèces menacées. Fini le blabla alors c’est comment un panda ??? C’est trop mignon, ça ressemble étrangement à un ours blanc avec les yeux et une partie du corps noir ; ça ne pense qu’à manger, dormir et s’amuser (nous disons maintenant « avoir une vie de panda) ; d’ailleurs en terme d’alimentation, un panda adulte ingurgite 20/30 kg de bambous par jour ; ça doit avoir une fourrure de fou, car ils se laissent tomber par terre, et sont amortis par leur épais pelage. Nous avons eu la chance d’arriver peu après la période des naissances, alors nous avons fait connaissance avec une dizaine de mini-pandas, d’à peine 1 mois (pour information ils naissent avec un poids de 150g), en couveuses, ils étaient trop choux, je vous laisse apprécier les photos.
Et on se marre beaucoup quand on est panda !!
Des bébés pandas en couveuse
Le panda rouge
"avoir une vie de panda" !
Quand on montre une pomme à un panda...ça le stimule !!
Bon et bien, on s’est bien régalés d’observer ces pandas, ils nous ont fait rire et nous ont attendris. Ça valait le déplacement en tout cas. Bon bien sûr, autour de cette réserve gravit tout un merchandising du panda sous toutes leurs coutures, mais c’est plutôt sympathiques et pas trop de mauvais goût. A l’occasion de cette visite, nous avons rencontré un couple de hollandais la soixantaine, en tour du monde pour 6 mois, on s’y voyait !

Enfin quelques petites anecdotes en vrac pour vous faire sourire : ils sont tellement malins ces chinois qu’ils se sont fabriqués un système pour fixer une ombrelle sur le vélo (un parapluie qu’ils utilisent pour se protéger du soleil, car en Asie il faut avoir la peau blanche) comme ça plus de problème de coup de soleil en pédalant ; nous sommes devenus célèbres sur place, repérés par la télévision régionale, ils nous ont fait tourner une prise où nous devions parler en chinois puis nous embrasser, c’était très marrant et tellement incroyable ! ; Les femmes sont habillées « ras la touffe » (un truc de fou !) mais par contre, quand je sors terriblement sexy avec les mollets à l’air et les claquettes allemandes, c’est l’émeute !! Allez comprendre… Nicoco me dit que les femmes n’ont pas les mêmes formes, il est flatteur ce Nicoco !!

Voilà le type de panneaux qui vous montre, combien nous pouvons être déboussolés au quotidien !

Donc pour conclure, de la  région du Sichuan (tristement célèbre par un tremblement de terre en 2008 qui fit 65 000 victimes, la Croix Rouge française y était !!), nous n’avons visité que sa capitale Chengdu, mais cette mise en bouche fut très agréable et donne envie lors d’un prochain voyage de la découvrir plus en profondeur, en particulier car elle est aux portes de la région autonome du Tibet.

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