mercredi 27 juillet 2011

Immersion à Leh

Pour rejoindre l’extrême nord de l’Inde, le trajet fut un peu éprouvant puisque nous avons du passer en particulier une nuit entière à l’aéroport, comme des vagabonds, dans le terminal, allongés sur le sol et accrochés à nos sacs. Autant vous dire que la nuit fut courte (moi rêvant bien entendu qu’on se faisait dévaliser, se retrouvant nus dans l’aéroport, et suppliant le voleur de nous laisser au moins le sur-sac afin de pouvoir masquer nos parties intimes, quelle imagination comme vous pouvez le constater !!). Le spectacle ne fut que dans mes rêves, du moins dans un premier temps car le trajet en avion fut spectaculaire, à sa façon.

Nous avons en effet survolé les premiers contreforts himalayens par temps très clair, c’était d’une beauté incroyable, de grands massifs déchiquetés brun foncé, désertiques, comme ridés par les forces naturelles et recouverts de neige. A l’arrivée, le paysage était tout aussi beau, c’est un désert de pierre de haute altitude caractérisé par des montagnes arides aux contours déchiquetés ponctuées de rares oasis qui permettent la vie, par une grande pureté du ciel et par un temps très sec et poussiéreux. Nous sommes à 3 500 m d’altitude, dans une région qui s’appelle le Ladakh. Cette région est surnommé « Le petit Tibet », et c’est en effet le sentiment qui ressort du temps passé sur place, tous nos repères indiens explosent (langue, tenues, religion, gastronomie) et laissent place à une réelle immersion en culture tibétaine bouddhiste. La région a, en effet, était « tibétanisé » au 9ème siècle et reste aujourd’hui l’une des dernières sociétés bouddhistes tantriques de la planète. En terme de localisation, c’est un territoire coincée entre, à droite le Pakistan avec la région du Cachemire et à gauche par la Chine et la région du Tibet. Voilà pourquoi, au-delà des 70% de bouddhistes, on rencontre également des musulmans venus du Cachemire.

Permettez-nous de vous décrire le tableau de la ville de Leh : juchée dans une oasis de verdure entre deux crêtes rocheuses, Leh est constituée de petites maisons en briques crues et gobar (bouse de vaches) aux encadrements de fenêtres en bois ouvragé, de nombreux sites ou manifestations bouddhiques comme les drapeaux de prière tibétains, tout cela au cœur de ruelles sinueuses et escarpées. « Physiquement », la ville est un petit bijou, et dès que l’on s’y attarde, on finit définitivement par en tomber amoureux car c’est très calme et paisible malgré son succès touristique, il y a une vraie gestion de l’environnement (de nombreuses associations, distribution d’eau, recyclage des déchets) et les habitants sont d’une telle gentillesse… au-delà des résidents, il faut noter une importante population de népalais, venus faire les saisons touristiques en Inde. 

Avant d’aller plus loin, je crois que nous sommes obligés de revenir un instant sur le religieux, en particulier d’un point de vue du symbolisme, afin de vous expliquer les éléments clés ponctuant le paysage ladakhien. On parle bien entendu du même bouddhisme qu’en Birmanie, cependant plusieurs écoles existent, et même si les principes restent les mêmes, j’avoue que le bouddhisme que nous avons rencontré est riche de symboles dont voici les principaux :
  • Les drapeaux de prière : guirlandes de petits rectangles de tissu imprimés de différents mantras (enseignements) ou prières. Ils sont souvent de cinq couleurs : blanc (l’espace), jaune (terre), vert (bois), rouge (feu) et bleu (l’eau). Ils sont considérés comme des porte-bonheur possédant la capacité d’écarter les difficultés.
  • Les murs « Mani » : mur de méditation tibétains gravés d’inscriptions sacrées. Le vent qui souffle caresse au passage les formules sacrées imprimées et les disperse dans l’espace, les transmettant ainsi aux dieux.
  • Les moulins à prière : il est constitué d'un cylindre rempli de mantras et pouvant tourner librement autour d'un axe. Selon les croyances associées à cet objet, actionner un tel moulin a la même valeur spirituelle que de réciter la prière du mantra, la prière étant censée se répandre ainsi dans les airs comme si elle était prononcée. Les moulins sont souvent disposés en longues séries sont mis en mouvement l'un après l'autre par le fidèle qui passe devant eux.
  • Le Mâlâ : est un chapelet utilisé entre autres pour la récitation des mantras. Il est composé traditionnellement de 108 grains représentant les 108 vies du Bouddha
  • Les temples : il existe les temples classiques nommés « gompas » où les tibétains viennent prier mais aussi des monuments plus communs, les « Chortens » : c’est l’équivalent d’un petit temple où il faut marcher autour dans le sens des aiguilles d’une montre en récitant les mantras ; ce qui permet d’obtenir des mérites.
Les drapeaux de prière tapissent la vie ladakhienne
Stupas au milieu de champs d'orge dans une oasis au milieu du désert
Un exemple de "gompa", temple bouddhique
Les moulins de prière, un rituel à faire tourner

    Revenons à des choses plus terre à terre, la découverte du paysage ladakhien, au-delà de la ville de Leh, si l’on observe les environs, c’est toujours le même schéma, l’homme apprivoise les eaux acheminées depuis les torrents du fait de la fonte des glaces, pour créer des terres arables dans ce désert d’altitude. Il plante ainsi orge, légumes et autres céréales et stocke le nécessaire pour subir le rude hiver (-20°C). Donc vous observez régulièrement de petites oasis habités par ces maisons en briques crues. Au-delà de ces villages, la région est caractérisée par ses monastères tibétains colorés, toujours nichés sur des affleurements rocheux offrant ainsi des vues extraordinaires sur la région. Le tableau étant un peu dépeint, passons à nos activités et découvertes…

    Nous nous sommes installées dans une « guest house » familiale (espèce de chambres d’hôtes) tenue par une famille musulmane bien sympathique et de là, nous avons rayonné dans les alentours : nous avons d’abord loué une moto, c’était cette fois, un custom, Nicoco avait trop le style même si nous avons fait du tout terrain en traversant des passages à gué. A cette occasion, nous avons visité de magnifiques monastères tibétains et avons profité de l’occasion pour pique-niquer au bord d’un cours d’eau, avec au menu, pain et fromage de yak (oui, messieurs dames !). Et bien on s’est super régalés et cela, sans effets secondaires (à ce sujet, juste pour vous dire, que Nicoco a fait sa première réaction aux épices indiennes, ce qui lui a valu la venue d’une soixantaine de boutons, principalement sur le dos, le cou et le torse, magnifique !). Nous avons seulement été interrompus par des indiens souhaitant nous prendre en photos (et oui, la célébrité continue !) mais je trouvais qu’ils me serraient bien forts, il fallait vivement que ça s’arrête, je veux bien être sympathique mais bon…Ce que l’on retiendra de ces monastères : des sites incroyables, de vives couleurs, bon nombre de bouddhas (il aurait fallu qu’on les compte depuis la Birmanie maintenant !) et de moines, mais aussi de très belles salles de prières. En voici quelques illustrations : 
    Nicoco et son custom !!!
    Monastère perché avec au premier plan, un mur mani, de pierres sacrées gravées
    Un bouddha parmi tant d'autres, mais un "beau bouddha" !
    Rencontre avec quelques jeunes moines
    Nous sommes ensuite partis 3 jours en trekking via une route chaotique et rebondissante (demandez à nos têtes qui rencontrèrent à plusieurs reprises le plafond du taxi), l’impression d’aller au bout du monde… le premier jour, nous avons longé une rivière que nous avons du traverser plusieurs fois malgré l’eau glaciale (alors j’ai fait un peu ma chochotte, mais promis, l’eau me saisissait les pieds, j’en aurais crié de douleurs, vous comprenez à Marseille nous ne sommes pas habitués à cela…). Suivant les colonnes d’ânes transportant vivres, nous sommes alors arrivés à cheval sur deux vallées, et malgré une carte de situation, que nous avions payé 3 milliards de dollars, nous nous sommes trompés…rien de grave, après quelques mots échangés un peu haut, nous avons récupéré un petit chemin bonus qui nous a permis d’apprécier un superbe point de vue sur la ville où nous passerions la nuit, Rumbak, composée d’une dizaine de familles, au milieu de rien mais qui a su domestiquer son environnement pour pouvoir survivre. 

    Rencontre avec une caravane d'ânes, acheminant les vivres dans les villages reculés
    Rumbak, vu de la rivière, pas mal cette palette de couleurs, non ?
    Nous sommes accueillis de façon très sympathique par la famille Tarchok, au sein d’une maison traditionnelle en briques crues où de petites pièces s’ouvrent sur une grande cuisine, lieu de vie et de chauffe, l’hiver en particulier. En ce qui concerne les sanitaires et bien ils se résument à un trou avec de la bouse sèche, ce qui permet de recycler les déjections humaines comme compost fertilisant. Alors sans faire la chochotte, l’odeur prend rapidement les narines et impossible de faire une donne de bridge ou de bouquiner ! Par rapport à la salle de bains, et bien toujours très sommaire, une jarre d’eau se trouve à l’entrée et en avant ! Alors nous avons opté pour une baignade dans la rivière, l’eau était très froide mais le soleil et la brise nous ont permis de passer un moment bien agréable tel des Robinsons, nus au milieu de la nature (le kif de Nicoco, mais on s’abstiendra de photos, désolée mesdames !). Nous avons passé quelques heures dans ce village, ce qui nous a permis d’observer et d’apprécier des moments de vie simples comme la traite des vaches, le retour des moutons, le lavage du linge à la rivière, la cuisson du pain sur la bouse de vache séchée qui sert de combustible (exquis ce petit gout de merde !). Tout est réglé comme du papier à musique, chacun à sa tâche entre le jardin, les bêtes, l’accueil des touristes, les repas, la maison…Encore une belle leçon. 
    Les fameux chapatis, cuits sur la bouse de vache séchée !
    Le lendemain, nous partons un peu tôt à la rencontre d’un sommet à 4 900 m d’altitude, le temps de réveiller un peu notre corps et nous passons le cap finalement assez facilement après 3h30 de marche (on commence à être affutés). Pour ma part, j’ai même coiffé sur le fil le guide d’un autre groupe de randonneurs (trop fière, même si un peu essoufflée vu l’altitude !). Les paysages sont magnifiques de différentes couleurs de pierre dans les tons rouge, jaunes et gris, une composition de roches parfois déchiquetés, parfois avec de larges parois traversant le paysage, parfois des dunes de sable avec des touches de vert selon les versants et la présence ou non de cours d’eau avec la neige qui n’est jamais très loin. Magnifique ! Seule petite ombre au tableau, Nicoco a souffert de son tendon à l’arrière du genou droit, durant toute la descente et nous avons eu le plus grand mal à finir la randonnée car la sollicitation tendineuse était permanente. Alors je vous entends d’ici dire « ils ont toujours un pet de travers ces jeunes, ils font le tour du monde et en plus ils se plaignent, elle est belle la république !!!). Enfin, c’est plutôt embêtant pour la suite de nos périples montagneux, affaire à suivre de près, ne vous inquiétez pas, Nicoco se shoote aux herbes ! 
    Ils sont victorieux !
    Nicoco prie dans les drapeaux sacrées à 4 900 m

    Nous sommes dons arrivés clopin-clopant au village de Stok en fin de journée, à la recherche d’un lieu pour dormir. Alors après avoir été transportés en moto pour économiser Nicoco, nous avons rencontré par hasard dans la rue une jeune femme du nom de Nelza nous a offert le logis mais rien de commercial, de la simple hospitalité. L’expérience fut superbe : en effet, au hasard de cette rencontre, nous nous sommes retrouvés immergés dans une famille traditionnelle dans une maison typique plutôt cossue à la rencontre de sa famille, à la découverte de son jardin potager, elle nous a considéré comme ses amis, c’était formidable, nous avons été accueillis comme des rois, avons eu le privilège de cueillir les légumes du jardin à la grande joie de Nicoco, manger des mets traditionnels autour d’un thé à la menthe et de discussions principalement tournées vers la religion, ils étaient curieux du bouddhisme en France, de la présence d’autres religions. Enfin, dans le registre des moments insolites du voyage, nous retiendrons ce fou rire dans la salle de bains sans porte, où Nicoco était sur le trône (enfin à la turc) et moi en train de faire la toilette de chat, tandis que nos hôtes continuaient à nous parler, à 2 mètres de la salle de bains. C’était très loquasse mais assez typique finalement car les indiens sont habitués à avoir très peu d’intimité et une forte promiscuité entre eux, cependant de notre côté, nous ne sommes pas prêts à partager cela si rapidement ! Enfin, en résumé, nous avons passé un superbe moment et il a été difficile de partir, nous retiendrons  l’accueil, la générosité et la simplicité de cette famille. Nous espérons pouvoir garder contact avec eux pour l’avenir. 
    Vue depuis le village de Stok, chez notre famille d'accueil les "Angmos"
    Vous avez déjà vu des navets aussi gros, pas nous, les navets !!
    Photo de notre famille d'accueil
    Enfin pour notre dernier jour, nous avons eu la chance d’assister à une fête traditionnelle, au village de Phyang. A cette occasion, les moines masquées effectuent des danses rituelles célébrant la victoire du bien sur le mal et du bouddhisme sur les religions antérieures. Notre nouvelle amie Nelza nous avait accompagnés et nous fit rencontrer ses amies, une nouvelle occasion pour en connaitre un peu plus sur les traditions locales (hospitalité) ainsi que sur la religion (rôle du Dalaï-lama). D’ailleurs, nous avons même accompagné son père au temple, suivant ainsi ses rituels et son travail pour approfondir sa religion. Et encore une belle leçon ! 
    Le père Angmo en pleine prière

    Nous quittons maintenant Leh, ville où nous étions, un peu comme chez nous, avec nos petites habitudes, nos petits commerçants et nos amis que nous allions rencontrer à la sortie du temple bouddhiste, sous le regard surpris d’autres touristes ! Alors la conclusion, vous pouvez je pense la deviner, nous avons passé une superbe semaine à Leh et dans la région du Ladakh, alors à qui souhaite découvrir de magnifiques paysages d’altitude, faire un stage de méditation ou découvrir la culture tibétaine, nous vous invitons chaleureusement à passer le pas, vous ne serez pas déçus ! Et puis, nous avons maintenant une adresse à vous donner ! 


    jeudi 21 juillet 2011

    Bénévolat dans le Sud de l"Inde

    Nous sommes donc arrivés sur le sol indien en capitale New Delhi, le 13 Juillet en soirée. Nous avons été immédiatement saisis par la chaleur et l’humidité malgré l’heure tardive, c’est l’époque de la mousson et la chaleur reste terrible. Au-delà des conditions climatiques, nous découvrons « nos premiers indiens d’Inde » et dans l’ensemble, ils sont plutôt beaux : l’homme semble assez grand et élégant tandis que la femme est magnifique par sa tenue d’apparat coloré, le sari, mais aussi tout ce qui va autour comme les multiples bijoux et le maquillage, élégante et assortie des pieds à la tête, c’est un plaisir pour les yeux. Autre élément notable, les gens parlent Anglais, ce qui est un vrai confort pour échanger, même si on a un mal fou à les comprendre !

    Passés cet aperçu, nous rejoignons un hôtel à proximité de l’aéroport car nous ne sommes qu’en transit à New Delhi (oublions donc la Garden Party du 14 Juillet à l’ambassade de France !). Nous faisons déjà notre première mauvaise expérience, par un jeu de manipulation (tel de la magie, petit clin d’œil pour Willy, l’oncle de Nicolas), un guichetier nous vole 350 Roupies (équivalent de 6€ environ). Nicolas est comme un fou, tandis que nous devons déjà faire face à la pression ambiante. Nous restons sur nos gardes et à l’affût mais nos premières sensations sont stressantes. Nous fuyons donc New Delhi le lendemain car nous avons d’autres plans en tête…

    En effet pour notre première semaine d’immersion en Inde, nous avons décidé de partir dans le Sud, dans un petit village nommé Kalkéri pour travailler en tant que bénévole dans une association, nommée « Musiciens du Monde » qui dirige une école de musique. Alors vous vous demandez peut-être pourquoi et comment nous avons trouvé ce projet, je vous explique en quelques mots : une amie à moi, Eugénie, était très attachée à cette école et avait eu l’occasion de venir en Inde en tant que bénévole. Or, cette dernière, nous a quittés il y a maintenant presque deux ans, suite à une tumeur au cerveau. Et parmi les projets qu’elle s’était fixés, une fois la maladie vaincue, il y avait l’Inde et cette école. Je pense que vous comprendrez maintenant pourquoi, ce passage était important pour moi. Et Nicoco a accepté de jouer le jeu, car après la maison de retraite en Bolivie, il « kiffe grave le bénévolat » !!

    Alors tout d’abord, quelques mots sur le projet en lui-même : monté en 2001 par un couple franco-québécois, l’objectif est de permettre à des enfants défavorisés d’avoir accès à un enseignement de qualité (académique et musical) et ainsi de pouvoir développer leur potentiel. L’école accueille gratuitement en internat 160 enfants de 5 à 17 ans, et leur propose un programme d’éducation intense de près de 8h par jour alternant cours classiques (anglais, langues, math…) et cours de musique et danse. Le site se trouve en pleine campagne au milieu de la forêt tropicale, les conditions sont sommaires et le rythme difficile, cependant c’est vraiment une chance pour ces enfants, qui doivent faire preuve de courage, de motivation et d’autonomie. 

    Petite photo d`une partie des troupes
    Atelier musical avec instruments traditionnels
    Atelier danse traditionnelle
    En terme de conditions, quelques précisions (qu’il faut bien entendu remettre dans la perspective indienne et non occidentale) : les enfants partagent une pièce commune d’environ 30m² (soit moins de 1m² par enfant) d’une construction traditionnelle faite de bambou, de gobar (bouse de vache séchée) et de tuiles poreuses laissant parfois passer l’eau ; cette pièce commune sert également de salle de classe et d’étude ; ils possèdent une box chacun  (rassemblant leurs affaires) dont ils gardent précieusement la clef autour du cou ; les salles de classe sont aussi sommaires que les salles de vie traversées par le linge en cours de séchage et par les courants d’air. Les enfants étudient par terre sur une natte de la même manière qu’ils dorment d’ailleurs, à la lumière régulièrement de la bougie quand l’électricité est capricieuse ; concernant les repas, les enfants récupèrent une gamelle et sont servis à tour de rôle avant de manger à même le sol dans une salle commune, après avoir prié en collectif ; dernier détail, les sanitaires se résumant à des toilettes turcs et à des rampes de robinets d’eau, dégageaient une odeur permanente de pisse, à proximité des lieux de vie… Au-delà des conditions quotidiennes, s’ajoute à cela la période de la mousson qui arrose de ses pluies par intermittence soutenue et apporte une forte humidité. C’est une saison difficile où les enfants sont souvent malades car ils ont peu de vêtements, marchent pieds nus et dorment sur une natte à même le sol avec une petite couverture. Et malgré ce, le sourire.

    Cours academique - session 1
    Cours academique - Session 2
    Et quand il y a des chaussures, voici leur etat....
    Etude du soir dans la piece commune des petites filles
    La fameuse box, la veritable  live-box
    Environnement et batiments de l`ecole
    L`heure du repas a sonne
    Alors à la lecture de ces lignes, ne vous méprenez pas, ce n’est pas le bagne mais bien une formidable opportunité pour ces enfants car il faut remettre le contexte en perspective indienne. A leur service, une quarantaine de salariés et une dizaine de bénévoles internationaux assurent la gestion du projet (cours, repas, maintenance, intendance…). Nous avons en particulier passé du temps avec les bénévoles, québécois, allemands et français, venus passer quelques mois pour donner un coup de main. Permettez-nous juste de tirer notre chapeau à Géraldine (salariée en charge des bénévoles), Charline, Pauline, Laure, Anne-Sophie, Virgile, Ida, Fred ainsi que les Mélissa du Québec mais aussi aux salariés, occidentaux en particulier, qui font un peu don de leur vie au service du projet. Car les conditions, nous obligent à un fort degré d’adaptation, en voici quelques illustrations : lavage à l’eau froide avec mandi (petit seau d’eau pour aspersion) ; repas peu variés (principalement du riz) servis dans une gamelle et à déguster à la main droite avec les doigts ; lutte quotidienne contre les poux, puces et la gale ; tenue vestimentaire traditionnelle obligatoire pour les filles (tunique et étole) ; interdiction de fumer pour les femmes…. Mais en échange, un tel enrichissement !

    Pour notre part, durant ces quelques jours, nous avons tâché d’en prendre plein les yeux en participant à un maximum de cours académiques et de musique, en étant utile dès que possible (animation de cours d’Anglais ; gestion du « Plate Check » - vérification du lavage de mains pré-repas et du nettoyage des gamelles post-repas ; participation à des activités – sortie, atelier henné, jeux ; participation aux temps de vie comme l’heure des devoirs, du coucher, du lever, de la douche ; atelier couture pour rafistoler leurs vêtements déjà bien usés) mais aussi et surtout en étant le plus disponible possible pour les enfants. Si vous saviez l’accueil que nous avons reçu de ces enfants : formidable par leurs ouvertures et les échanges que nous avons pu avoir en anglais. Ils nous ont beaucoup touchés même si parfois ils furent insupportables ;-)
    Quelle belle leçon de vie, et c’est là que notre sentence continue à prendre tout son sens « le voyage est un retour à l’essentiel ». Comment oublier la générosité et les sourires de ces enfants ? Comment ne pas prendre du recul sur nos conditions de vie d’Occidentaux ? Nous avons été ravis de vivre cette expérience, vraiment épatés par le projet, admiratifs devant les fondateurs mais aussi devant ces enfants, pour leurs courages (les premiers arrivent à l’âge de 5/6 ans) et leur joie de vivre car cette vie a des tonalités militaires par rapport au rythme, à la notion permanente de collectif et à la promiscuité. Et puis, ça inspire d’autres envies, de famille…d’autant que Nicoco a trouvé la gestion des enfants beaucoup plus simple qu’il ne l’imaginait (ouf !)
    Nicoco et un pote
    Julie en atelier dessin improvise

    Praveen le terrible !!
    Nicoco a table par terre et avec les mains
    Nous commencions à peine à prendre nos repères, les enfants à nous connaitre, qu’il fallait déjà partir, petite déception qui faisait cependant partie du jeu, alors peut-être une prochaine fois car ce projet a vraiment du sens et une réelle efficience, d’ailleurs pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin dans la découverte, voici le site Internet de l’association : www.ksv.org.in et nous vous recommandons vivement de tenter l’aventure, riche à tous points de vue. 



    Nous avons donc repris la route, cap vers le Nord, en train de nuit un peu chaotique : nous nous sommes d’abord trompés de train, puis avons erré dans la gare en pleine nuit, avant enfin de pouvoir se reposer 3h en wagon couchette attachés à nos sacs avec l’appréhension du vol en plein sommeil. Enfin, tout s’est bien passé et nous avons fait un saut de puce dans la province de Goa en capitale Panaji, ancien fief portugais jusqu’aux années 1960. Nous en avons profité d’abord pour récupérer un peu, pour bien nous « dérusquer » (en langage languedocien, ça signifie se laver et récurer en profondeur), pour manger autre chose que du riz (et aussi un peu de chocolat ;-) mais aussi pour découvrir une belle ville colorés aux accents latins, peuplés de nombreuses églises et couvents en bordure de la mer d’Oman. 



    Prochaine étape, l’extrême Nord et la région du Ladahk, pour se dégourdir les jambes à 5 000 m d’altitude, aie aie aie le mal des montagnes va sûrement sévir… affaire à suivre donc.