Nous sommes donc arrivés sur le sol indien en capitale New Delhi, le 13 Juillet en soirée. Nous avons été immédiatement saisis par la chaleur et l’humidité malgré l’heure tardive, c’est l’époque de la mousson et la chaleur reste terrible. Au-delà des conditions climatiques, nous découvrons « nos premiers indiens d’Inde » et dans l’ensemble, ils sont plutôt beaux : l’homme semble assez grand et élégant tandis que la femme est magnifique par sa tenue d’apparat coloré, le sari, mais aussi tout ce qui va autour comme les multiples bijoux et le maquillage, élégante et assortie des pieds à la tête, c’est un plaisir pour les yeux. Autre élément notable, les gens parlent Anglais, ce qui est un vrai confort pour échanger, même si on a un mal fou à les comprendre !
Passés cet aperçu, nous rejoignons un hôtel à proximité de l’aéroport car nous ne sommes qu’en transit à New Delhi (oublions donc la Garden Party du 14 Juillet à l’ambassade de France !). Nous faisons déjà notre première mauvaise expérience, par un jeu de manipulation (tel de la magie, petit clin d’œil pour Willy, l’oncle de Nicolas), un guichetier nous vole 350 Roupies (équivalent de 6€ environ). Nicolas est comme un fou, tandis que nous devons déjà faire face à la pression ambiante. Nous restons sur nos gardes et à l’affût mais nos premières sensations sont stressantes. Nous fuyons donc New Delhi le lendemain car nous avons d’autres plans en tête…
En effet pour notre première semaine d’immersion en Inde, nous avons décidé de partir dans le Sud, dans un petit village nommé Kalkéri pour travailler en tant que bénévole dans une association, nommée « Musiciens du Monde » qui dirige une école de musique. Alors vous vous demandez peut-être pourquoi et comment nous avons trouvé ce projet, je vous explique en quelques mots : une amie à moi, Eugénie, était très attachée à cette école et avait eu l’occasion de venir en Inde en tant que bénévole. Or, cette dernière, nous a quittés il y a maintenant presque deux ans, suite à une tumeur au cerveau. Et parmi les projets qu’elle s’était fixés, une fois la maladie vaincue, il y avait l’Inde et cette école. Je pense que vous comprendrez maintenant pourquoi, ce passage était important pour moi. Et Nicoco a accepté de jouer le jeu, car après la maison de retraite en Bolivie, il « kiffe grave le bénévolat » !!
Alors tout d’abord, quelques mots sur le projet en lui-même : monté en 2001 par un couple franco-québécois, l’objectif est de permettre à des enfants défavorisés d’avoir accès à un enseignement de qualité (académique et musical) et ainsi de pouvoir développer leur potentiel. L’école accueille gratuitement en internat 160 enfants de 5 à 17 ans, et leur propose un programme d’éducation intense de près de 8h par jour alternant cours classiques (anglais, langues, math…) et cours de musique et danse. Le site se trouve en pleine campagne au milieu de la forêt tropicale, les conditions sont sommaires et le rythme difficile, cependant c’est vraiment une chance pour ces enfants, qui doivent faire preuve de courage, de motivation et d’autonomie.
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Petite photo d`une partie des troupes |
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Atelier musical avec instruments traditionnels |
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Atelier danse traditionnelle |
En terme de conditions, quelques précisions (qu’il faut bien entendu remettre dans la perspective indienne et non occidentale) : les enfants partagent une pièce commune d’environ 30m² (soit moins de 1m² par enfant) d’une construction traditionnelle faite de bambou, de gobar (bouse de vache séchée) et de tuiles poreuses laissant parfois passer l’eau ; cette pièce commune sert également de salle de classe et d’étude ; ils possèdent une box chacun (rassemblant leurs affaires) dont ils gardent précieusement la clef autour du cou ; les salles de classe sont aussi sommaires que les salles de vie traversées par le linge en cours de séchage et par les courants d’air. Les enfants étudient par terre sur une natte de la même manière qu’ils dorment d’ailleurs, à la lumière régulièrement de la bougie quand l’électricité est capricieuse ; concernant les repas, les enfants récupèrent une gamelle et sont servis à tour de rôle avant de manger à même le sol dans une salle commune, après avoir prié en collectif ; dernier détail, les sanitaires se résumant à des toilettes turcs et à des rampes de robinets d’eau, dégageaient une odeur permanente de pisse, à proximité des lieux de vie… Au-delà des conditions quotidiennes, s’ajoute à cela la période de la mousson qui arrose de ses pluies par intermittence soutenue et apporte une forte humidité. C’est une saison difficile où les enfants sont souvent malades car ils ont peu de vêtements, marchent pieds nus et dorment sur une natte à même le sol avec une petite couverture. Et malgré ce, le sourire.
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Cours academique - session 1 |
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Cours academique - Session 2 |
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Et quand il y a des chaussures, voici leur etat.... |
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Etude du soir dans la piece commune des petites filles |
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La fameuse box, la veritable live-box |
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Environnement et batiments de l`ecole |
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L`heure du repas a sonne |
Alors à la lecture de ces lignes, ne vous méprenez pas, ce n’est pas le bagne mais bien une formidable opportunité pour ces enfants car il faut remettre le contexte en perspective indienne. A leur service, une quarantaine de salariés et une dizaine de bénévoles internationaux assurent la gestion du projet (cours, repas, maintenance, intendance…). Nous avons en particulier passé du temps avec les bénévoles, québécois, allemands et français, venus passer quelques mois pour donner un coup de main. Permettez-nous juste de tirer notre chapeau à Géraldine (salariée en charge des bénévoles), Charline, Pauline, Laure, Anne-Sophie, Virgile, Ida, Fred ainsi que les Mélissa du Québec mais aussi aux salariés, occidentaux en particulier, qui font un peu don de leur vie au service du projet. Car les conditions, nous obligent à un fort degré d’adaptation, en voici quelques illustrations : lavage à l’eau froide avec mandi (petit seau d’eau pour aspersion) ; repas peu variés (principalement du riz) servis dans une gamelle et à déguster à la main droite avec les doigts ; lutte quotidienne contre les poux, puces et la gale ; tenue vestimentaire traditionnelle obligatoire pour les filles (tunique et étole) ; interdiction de fumer pour les femmes…. Mais en échange, un tel enrichissement !
Pour notre part, durant ces quelques jours, nous avons tâché d’en prendre plein les yeux en participant à un maximum de cours académiques et de musique, en étant utile dès que possible (animation de cours d’Anglais ; gestion du « Plate Check » - vérification du lavage de mains pré-repas et du nettoyage des gamelles post-repas ; participation à des activités – sortie, atelier henné, jeux ; participation aux temps de vie comme l’heure des devoirs, du coucher, du lever, de la douche ; atelier couture pour rafistoler leurs vêtements déjà bien usés) mais aussi et surtout en étant le plus disponible possible pour les enfants. Si vous saviez l’accueil que nous avons reçu de ces enfants : formidable par leurs ouvertures et les échanges que nous avons pu avoir en anglais. Ils nous ont beaucoup touchés même si parfois ils furent insupportables ;-)
Quelle belle leçon de vie, et c’est là que notre sentence continue à prendre tout son sens « le voyage est un retour à l’essentiel ». Comment oublier la générosité et les sourires de ces enfants ? Comment ne pas prendre du recul sur nos conditions de vie d’Occidentaux ? Nous avons été ravis de vivre cette expérience, vraiment épatés par le projet, admiratifs devant les fondateurs mais aussi devant ces enfants, pour leurs courages (les premiers arrivent à l’âge de 5/6 ans) et leur joie de vivre car cette vie a des tonalités militaires par rapport au rythme, à la notion permanente de collectif et à la promiscuité. Et puis, ça inspire d’autres envies, de famille…d’autant que Nicoco a trouvé la gestion des enfants beaucoup plus simple qu’il ne l’imaginait (ouf !)
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Nicoco et un pote |
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Julie en atelier dessin improvise |
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Praveen le terrible !! |
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Nicoco a table par terre et avec les mains |
Nous commencions à peine à prendre nos repères, les enfants à nous connaitre, qu’il fallait déjà partir, petite déception qui faisait cependant partie du jeu, alors peut-être une prochaine fois car ce projet a vraiment du sens et une réelle efficience, d’ailleurs pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin dans la découverte, voici le site Internet de l’association : www.ksv.org.in et nous vous recommandons vivement de tenter l’aventure, riche à tous points de vue.
Nous avons donc repris la route, cap vers le Nord, en train de nuit un peu chaotique : nous nous sommes d’abord trompés de train, puis avons erré dans la gare en pleine nuit, avant enfin de pouvoir se reposer 3h en wagon couchette attachés à nos sacs avec l’appréhension du vol en plein sommeil. Enfin, tout s’est bien passé et nous avons fait un saut de puce dans la province de Goa en capitale Panaji, ancien fief portugais jusqu’aux années 1960. Nous en avons profité d’abord pour récupérer un peu, pour bien nous « dérusquer » (en langage languedocien, ça signifie se laver et récurer en profondeur), pour manger autre chose que du riz (et aussi un peu de chocolat ;-) mais aussi pour découvrir une belle ville colorés aux accents latins, peuplés de nombreuses églises et couvents en bordure de la mer d’Oman.
Prochaine étape, l’extrême Nord et la région du Ladahk, pour se dégourdir les jambes à 5 000 m d’altitude, aie aie aie le mal des montagnes va sûrement sévir… affaire à suivre donc.