mardi 13 septembre 2011

Conclusion du voyage depuis la Muraille de Chine

Comme promis, dernière étape de notre voyage, la Grande Muraille de Chine. Le tronçon que nous avions choisi d’arpenter était celui entre les villes de Simatai et Jinshanling, à 110 km au Nord de Pékin. C’est soit disant la partie la plus éloignée mais aussi la plus belle et saisissante, tout en étant peu fréquentée. Cependant, nous avons appris, durant le voyage (de nos échanges entre voyageurs), que ce tronçon était fermé pour rénovation….or, nous sommes tombés par hasard sur une affiche dans un hôtel qui proposait un logement au beau milieu de ce tronçon avec comme combine de jouer à cache-cache avec les gardes pour accéder tout de même à la muraille (ça me faisait penser à Marcel Pagnol dans la Gloire de mon père, qui jouait à cache-cache avec le garde du canal, petite pensée toute particulière à la grand-mère de Nicoco qui habite à la Treille, le village de Marcel Pagnol).
Avant de s’attaquer à la muraille et aux gardes, il a déjà fallu rejoindre notre lieu de campement, or « hors des sentiers battus » est synonyme de « parcours du combattant ». Il a d’abord fallu trouver le bon bus sous une pluie battante, que le chauffeur accepte de nous déposer à un endroit précis (pour s’en assurer, rien de tel qu’un appel à la cantonade dans le bus « y-a-t-il quelqu’un qui parle Anglais dans ce bus pour aider deux occidentaux en perdition ?). Une fois déposés sur une aire d’autoroute, nous avons monnayé un appel depuis le portable de la caissière de la station service pour qu’un taxi vienne nous chercher. Après 15 mn d’embardée sur une route mouillée et sinueuse, on nous propose de traverser à pieds une rivière car le pont a cédé, la nuit comment à tomber. Une fois de l’autre côté, un autre véhicule nous attend, très laborieux sur son démarrage en côte, nous finissons par parvenir de nuit à l’auberge. Notre ami chinois Vincent, nous avait parlé d’un proverbe chinois qui prend alors tout son sens : «  si tu veux avoir un meilleur point de vue, il faut monter plus haut » (sous titrage : si tu veux voir de belles choses, il faut les mériter). 

Après une courte nuit dans cette auberge sommaire (toilettes à commande vocale au fond du jardin, nattes au sol et eau froide) mais sympathique, nous partons dès 7h à l’assaut de la Grande Muraille. Première surprise, l’auberge se trouve au beau milieu de la muraille (quel luxe pour la peine !), le but étant de prendre notre route d’un côté avant la venue du garde (pour 4h de marche) puis retour en taxi et de l’autre après son service (pour 2h de marche) et un sublime coucher de soleil. 

Permettez-nous de vous parler un peu de cette Grande Muraille (en chinois traditionnel : 長城 ; littéralement la « longue muraille ») : c’est un ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et plusieurs endroits entre le IIIe siècle av. J.‑C. et le XVIIe siècle. Pour la petite histoire, il n’existe pas « une seule muraille de Chine » mais une multitude de tronçons car c’était une tradition de construire des murailles pour se protéger entre royaumes au sein même de la Chine. Ce n’est qu’en 220 av JC que Qin Shi Huangdi, 1er souverain à avoir uni le pays sous une seule loi, décide de protéger l’ensemble de son empire par une gigantesque ligne de fortifications. La construction des 15 000 tours et des 25 000 fortins, ainsi que des escaliers et des murailles les reliant entre eux sollicita la mobilisation de milliers de soldats, paysans et détenus dans tout l’Empire. Un travail titanesque mais qui n’obtint pas l’effet escompté puisque à plusieurs reprises les nomades d’Asie centrale réussirent à s’imposer sur le trône chinois (turcs et moghols). Cette muraille-ci, la dernière, part de la frontière avec la côte au nord de Pékin et va jusqu'au désert de Gobi en Mongolie. C'est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’homme à la fois en longueur, en surface et en masse. La longueur totale des murs serait de 6 700 km, elle mesure 6 à 7 m de hauteur, et 4 à 5 m de largeur. Concernant sa visibilité, les débats sont clos, elle est bien visible depuis l'espace, par beau temps et à l'œil nu du fait principalement de son ombre (car sinon elle n’est pas plus large qu’une autoroute). 
Tracé de la "Grande muraille de Chine" par image satellite
Tracé de toutes les "autres murailles" existantes
La volet historique étant dévoilé, passons au concret, nous sommes partis pour  l’ascension de la Grande Muraille, le mot « ascension » n’est pas choisi au hasard car c’est notre première surprise, la muraille suit les crêtes découpées du relief chinois donc ça ne cesse de monter et descendre à l’aide de marche qu’il est parfois plus pratique de prendre à 4 pates tant le dénivelé est important. Au fil des heures le temps se lève et c’est un vrai enchantement, la muraille se dévoile petit à petit à l’horizon, à perte de vue, on devine ses fortins et fortifications. Ça parait incroyable, comme une interminable chenille géante accrochée à la montagne qui traverse les massifs montagneux à perte de vue. Colossal et majestueux à la fois, quel travail titanesque, Waouhhhhh ! Et puis, comble du luxe, nous pourrons profiter de la Muraille pendant les premières heures de la journée, seuls, sans touristes ni chinois. Même par la suite, l’affluence sera très modérée, la section étant partiellement fermée, les convois sont redirigés vers d’autres sites. 

Mais l’émerveillement ne fait que commencer, de retour à l’auberge, nous avons le luxe de déjeuner en terrasse avec en premier plan la muraille (avec en dessert, une glace, un Magnum !!), et nous nous prêtons même à une petite sieste au soleil. A 17h, le garde termine son service, nous nous jetons alors de nouveaux sur les pavés de la muraille pour aller admirer un coucher de soleil vraiment exceptionnel, le temps est incroyablement clair (comme si il avait décidé de nous faire ce cadeau pour notre fin de voyage), la muraille se dessine au loin et le paysage de montagne aux alentours est magnifique, avec une vue quasiment à 360°, assis aux portes d’un fortin, nous sommes tout simplement en émerveillement devant ce magnifique moment que nous offre la nature. Tellement bien, que nous ne voyons pas arriver la nuit et que nous rentrerons à l’auberge à la lampe de poche, mais clou du spectacle, c’était la soirée de la pleine lune, alors celle-ci se présente et monte petit à petit dans le ciel. 
Dormir au pied de Mao, valait bien une photo ridicule !
Il y a un peu de dénivelé...

Nicoco seul sur la muraille
Julie qui se dore face à la muraille


Séance photo délirante - Phase 1

Séance photo délirante - Phase 2




Que demander de plus pour finir ce voyage, quelle meilleure conclusion ? Je crois que la photo ci-dessous peut faire office de conclusion sur ce voyage, je vous laisse libre de l’interprétation, en tout cas, vous ne pouvez pas dire que nous n’avons pas l’air heureux…. 



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