Après un saut de puce lors d’une rapide traversée entre les îles de Java et Bali, nous parvenons à négocier un transport jusqu’à la ville de Permuteran, sur la côte Nord de l’île. Le transport en l’occurrence, c’est un car type scolaire, d’une autre époque, avec des sièges défoncés (que mon père achèvera) et des portes béantes, à se demander comment il peut encore rouler, cependant quelle classe de s’être fait affréter un bus privé ! Mais celui-ci ne dépassera pas les 30km /h ce qui nous a permis de nous imprégner d’entrée de jeu de l’ambiance spécifique balinaise.
En effet, Bali constitue le dernier bastion de l’hindouisme dans une nation comme l’Indonésie, 1er pays musulman au monde. C’est à partir de 200 avant JC que suite à de nombreux échanges (marchands et d’idées) entre l’Inde et l’Asie du Sud Est, l’hindouisme est venu se greffer aisément sur les concepts religieux et sociaux balinais, à chaque fois avec des adaptations de sorte que l’hindouisme de Bali diffère beaucoup de la religion indienne d’origine. Par voie de conséquence, nous sommes immédiatement interpelés par la présence de petits temples un peu partout, l’absence de personnes voilées comme à Java, la découverte de nouvelles traditions vestimentaires (avec leurs turbans et sarongs), mais aussi religieuses (par leurs offrandes et cérémonies). Difficile de croire que ce soit le même pays. Du fait du charme apparent de cette île, nous décidons finalement d’y rester une semaine complète à la découverte de coins authentiques et un peu plus préservés du tourisme de masse que connait l’île sur sa côte Sud.
Les spécificités de la religion à Bali méritent une petite pause : nommé « Agama Tirtha », religion des eaux sacrées, c’est un mélange d’hindouisme, de bouddhisme et d’animisme originel. Selon eux, le monde est partagé en 3 parties : la mer qui est le monde des démons, sorcières et esprits ; les montagnes qui sont le sièges des dieux, des forces déifiées de la nature et des ancêtres ; et l’entre deux qui est le monde des hommes où bien et mal s’affrontent éternellement et où les hommes essaient, par des processions, des fêtes et des offrandes quotidiennes, de conserver l’équilibre et l’harmonie dans leur communauté.
Par voie de conséquence, les balinais ont de nombreux rites. Chaque jour est ponctué de rituels sacrés durant lesquels les dieux hindous (Shiva, Vishnou, Isvara et Brahma), les seigneurs de la Terre, tels les dieux et déesses du riz, du soleil, de la mort, de la connaissance… et les morts sont célébrés et reçoivent des offrandes. Voici 2 illustrations :
- Le culte des ancêtres : chaque famille possède un autel domestique pour vénérer les ancêtres et dépose des offrandes quotidiennement pour assurer l’ascension des ancêtres vers les hautes sphères du ciel et accroitre ainsi leur pouvoir. Les morts montent en effet, petit à petit vers le Dieu de la Terre. Il faut ainsi cultiver leur souvenir car ils constituent un lien primordial entre les vivants et le monde divin.
- Les rites funéraires : lors de la mort, l’âme, qui est immortelle, est enfin libérée de son enveloppe charnelle, et tout un rituel s’accompagne pour que l’âme s’évade du mieux possible pour renaitre. Tout un long et couteux rituel s’ensuit pour que finalement le corps, au cours de grandes fêtes, soit inhumé puis les cendres dispersées en mer ou dans les eaux de la rivière.
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Recueillement autour de sources sacrées |
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Cérémonie en famille |
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Une offrande quotidienne type |
Revenons à notre récit : 1ère étape, la ville de Permuteran, reconnu en particulier pour ces fonds marins. Nous nous posons 2 journées afin de récupérer de nos péripéties antérieures et puis aussi parce que nous avons trouvé un endroit paradisiaque en bord de mer avec piscine et jardin privé. Nous avons également profité d’une journée snorkeling sur l’île de Menjangan où les fonds marins tropicaux sont constitués d’une variété exceptionnelle de poissons colorés dans des coraux éblouissants. Escapade magnifique où toute la famille s’est régalée : ma mère et moi, main dans la main (beau moment de complicité), mon père comme un poisson dans l’eau, quant à Nicoco, il a fallu aller le chercher car il s’était fait embarquer soit disant par le chant des sirènes (mon œil !!! il se régalait tellement au milieu de tous ces poissons !). Seul bémol à cette virée, l’appareil photo waterproof a pris l’eau... (Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot, au retour, appel au Service Après Vente !).
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Exemple de barque de pêche traditionnelle |
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Le fameux bus privé |
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Vue depuis l'hôtel sur l'arrière pays |
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Vue depuis l'hôtel sur l'avant pays ! |
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Un poisson ballon ! |
Nous avons ensuite fait une superbe opération, puisque nous avons loué une voiture pour la semaine, à un prix raisonnable. A nous donc la liberté et aussi le confort ! A ce sujet, ces quinze jours avec mes parents, auront été pour nous, une belle parenthèse luxueuse entre les extras gastronomiques (glace, chocolat, pizzas, pâtes…), le confort des hôtels et du transport (fini les taxis brousses locaux appelés Bémos ou les virées en mobylette). Alors on dit « Merci Papa, Merci Maman ! ».
Nous voilà donc partis, faire une virée à 4 pendant près d’une semaine sur les routes balinaises. Nous avons pris le cap vers l’Est, le long de la côte, traversant ainsi Lovina Beach et sa plage de sable noir, visitant quelques magnifiques temples hindous aux riches bas reliefs, profitant d’un arrêt à des sources de chaude, avant de prendre de l’altitude. Après les rizières, nous traversons de magnifiques paysages d’une forêt équatoriale luxuriante et les couleurs en fin de journée, rendent les lieux d’une beauté éblouissante. Nous arrivons enfin près du lac Batur, au pied du volcan du même nom, dans le petit village de Toya Bungkak. Le soir même, c’est l’heure des négociations avec le guide pour la randonnée du lendemain, les prix sont loufoques, cependant après une demi-heure, nous parvenons à obtenir quelque chose de raisonnable (prix affiché : 45 € - prix négocié : 7 €). De manière générale, c’est la règle en Indonésie, nous devons tout négocier car les prix sont farfelus et souvent nivelés en fonction de l’hôtel où vous résidez ou de votre apparence… C’est parfois fatiguant mais toujours nécessaire et profitable, l’important est de finir sur un commun accord gagnant-gagnant et surtout avec le sourire. Les indonésiens ont un rire incroyable, c’est un délice…
Le lendemain, départ à 4h du matin, pour une ascension de 2h le long des coulées de lave antérieures, dur dur pour tout le monde, sauf pour ma mère, qui galope comme un cabri, obligeant le guide à maintenir le rythme ! Une fois en haut (à 1 717 m d’altitude), c’est la récompense : magnifique point de vue sur les monts et volcans environnants au pied d’un océan de nuages alors que le soleil se lève. Ces moments sont vraiment magiques, les paysages magnifiques, le temps suspendu, waouhhhhh !! Ce volcan est encore en activité et dégage d’importantes vapeurs d’eau qui nous réchauffe d’ailleurs et permettent à certains de faire cuire œufs et bananes. Après avoir fait le tour du cratère principal, nous randonnons sur les cratères secondaires où des singes viennent à notre rencontre. Les paysages sont tantôt lunaires sur fond noir cendreux, tantôt recouvert d’une couche verte de végétation selon la date des dernières éruptions. De retour, nous déjeunons en haut de la caldera avec une vue d’ensemble sur les lacs et volcans Batur. Très belle expérience.
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Vue au lever du soleil au sommet du mont Batur |
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Photo de famille, un peu fatigués sauf Cricri !! |
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Nicoco qui croque le soleil !! |
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Le volcan Batur, vu d'en bas après son ascension en nocturne |
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Vue sur lac Batur au pied du volcan au même nom |
Nous faisons ensuite escale à Ubud, après un détour aux sources de Tirta Empul (sources sacrées, le Lourdes local) et au temple de Gunung Kawi (temple creusé dans la roche au cœur de très belles rizières, cadre magnifique). Ubud est le cœur de la culture balinaise, village de peintres et d’artistes, il est très couru par les touristes et donc fuit par nous ! En effet, nous n’avons pas pris le temps de découvrir cette ville au cœur des rizières, et la densité touristique nous a définitivement convaincus de fuir, pourtant il est vrai que l’ambiance était paisible, les boutiques et musées de qualité.
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Le Lourdes local |
Nous avons préféré continuer notre route à l’Est vers la belle campagne qui entoure la ville de Sidemen. Cependant sur la route, Nicoco s’est faite une poule intrépide qui était venu le narguer, nous n’avons pas fait les fiers sur le coup, laissant ainsi l’animal étendue sur la chaussée s’éloigner dans le rétroviseur. Seul bémol à notre périple, car sinon Nicoco s’est débrouillé comme un chef, familiarisé avec la conduite sportive locale. Revenons à notre découverte de Sidemen, en quelques mots, si nous devions vous décrire le cadre : vous êtes en pleine immersion au milieu de sublimes cultures étagées, dans une très belle maison traditionnelle avec en toile de fond le majestueux mont Agung culminant à 3 142m. L’endroit est très paisible et le panorama incroyable. Nous avons opté pour une randonnée à travers ce paysage, à la découverte de la vie rurale balinaise cultivant tapioca, café, riz, nombreux légumes, bananes, piments, clous de girofles et de nombreuses fleurs dédiées aux offrandes. Un endroit de repos à noter.
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Vue sur le volcan Agung, 2ème volcan balinais |
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Une nature paisible extraordinaire |
Pour la fin de semaine, nous avons rejoint la côte de l’extrême Est et les villes d’Amed et Tulamben, réputées pour la beauté de leurs fonds marins. Nous avons également eu la joie de retrouver un couple d’amis marseillais, Séverine et Thibault, en vacances sur Bali et avec qui nous avons partagé une journée plongée. Les fonds étaient incroyables : pas besoin de bouteilles, le célèbre PMT (Palmes – Masque – Tuba) suffit à pénétrer un monde fantastique en présence de coraux multicolores et parfois d’épaves qui logent une dense population de poissons de toutes les tailles et couleurs. Vous nagez donc à travers des nuées de poissons parfois fluorescents, tous aussi beaux qu’incroyables. Le monde sous-marin offre son panel de surprises avec des poissons faucons, scorpions voire perroquets, des barracudas, des poissons ballons, des étoiles de mer bleues fluo… Et c’est là que l’on comprend l’ivresse possible des profondeurs, car le spectacle est vraiment à couper le souffle, et l’on aimerait y passer des heures pour découvrir un à un ces poissons incroyables. Pour la petite anecdote, aux animaux notables, les coqs, qui nous cassèrent les oreilles durant l’intégralité de ce voyage. En voici l’explication : le combat de coqs, pourtant interdit depuis 2002 est toléré lors de cérémonies. Etant en période de crémation, nous avons vu beaucoup de coqs costauds et hauts sur pattes, enfermés dans des paniers de feuilles de palme, avec les plumes souvent colorées, dopés par leurs propriétaires, dans l’attente de ces combats rapides et mortels, où les Balinais se régalent de parier gros, parfois jusqu’à un mois de salaire.
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Vue depuis notre hôtel, on en profite avant l'Inde ! |
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Le poisson scorpion |
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Un spécimen de baracuda, espèce vue lors de nos sorties ! |
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Poisson Perroquet |
Revenons à notre récit : l’heure de la fin des vacances avec mes parents avait déjà sonnée, et nous furent contraints de rejoindre la capitale de l’île, Denpasar, pour les raccompagner à l’avion. La conclusion sur l’île de Bali est sans appel, une très belle île qui tire sa beauté : 1/ de son cadre par sa végétation tropicale luxuriante, ses paysages volcaniques et ses rizières à étages ; 2/ de ses rites et coutumes à consonance hindouiste qui nous dépaysent ; 3/ de la sympathie et l’accueil de sa population, un véritable bonheur.
Ces 15 jours sont passés à toute allure, quel bonheur de partager ces découvertes en famille. Bon, on ne vous cache pas que ça nous a donné un peu de stress afin que tout se passe bien, qu’aux parents ça leur a demandé de s’accrocher un peu afin de s’adapter à notre rythme, mais au final, que du bonheur et une petite pointe de tristesse de les voir partir aussi. Alors on se donne rendez-vous à notre retour, dans 2 mois et demi, le 13 Septembre prochain à Marseille. Nous concernant, nous continuons notre périple, cap maintenant pour l’île de Lombok toujours en Indonésie.
PS : toutes les photos sous l'eau, n'ont pas pu être prises par notre appareil, mort sur place, alors vous nous excuserez mais nous avons tâché de trouver des équivalents sur la toile...