dimanche 14 août 2011

Bilan d'Inde

I.        Quelques chiffres :
·        1 700 € dépensé pour 1 mois en amoureux
·        8 000 km parcourus
·        110 heures de transport soit l’équivalent de 5 jours complet
·        50 % des nuits passées soit dans les transports, soit sur une natte, en tout cas dans des conditions précaires

II.        Quelques éléments de contexte sur le pays :
·        1,2 milliards d’habitants (20% de la population mondiale)
·        Taux de chômage = 7,2%
·        Taux d’alphabétisation = 66 %
·        Espérance de vie 66 ans (femmes) et 63 ans (hommes)
·        3 millions de km² (2ème pays le plus grand d’Asie après la Chine)

Histoire : L’histoire est assez complexe faites de royaumes et de luttes de territoire. Pour mieux comprendre l’Inde contemporaine, nous vous proposons un rapide retour à partir de la colonisation britannique (même si ce fut les Portugais, les premiers et les derniers à partir d’Inde, rappelez vous de Goa). C’est à partir de 1600, que les Anglais s’installent en Inde mais pour des raisons commerciales (ouverture de comptoirs d’échanges), pour preuve, c’est une entreprise, la Compagnie Britannique des Indes Orientales et non la Couronne Britannique, qui gouvernera l’Inde pendant 250 ans. Ce n’était pas un pouvoir sévère, mais qui proposait un pouvoir central à l’ensemble des petits états gouvernés par des maharajas. Mais petit à petit, à partir du 20ème siècle, un sentiment d’indépendance monta, mené en partie par Gandhi au nom de la lutte contre les discriminations colons / indiens. Petite digression sur ce grand homme surnommé « Mahatma, grande âme » : avocat de métier, il fut le ténor du Congré national indien dans la lutte contre la puissance coloniale. Plusieurs fois emprisonnés par les Anglais, il ne pu qu’assister finalement à l’indépendance et la partition du pays malgré son fort investissement depuis les premiers jours. Finalement, il faut assassiné par un fanatique hindous en 1948 du fait de son tolérance envers toutes les communautés indiennes.
L’indépendance fut officielle le 15 Aout 1947, cependant un problème persistait, musulmans et hindous, ne parvenaient à se mettre d’accord sur un seul état rassemblant les deux communautés. Au final, c’est un anglais qui fit le tracé de la frontière entre deux nouveaux états que firent l’Inde et le Pakistan. Un énorme exode rural suivit et c’est à partir de ce moment que ces deux états se disputèrent et se disputent encore la région tampon du Cachemire. Après Gandhi, se suivirent Nehru jusqu’en 1961 puis sa fille Indira Gandhi (sans rapport avec l’originel).

Population : pays le plus peuplé au monde après a Chine qu’elle devrait dépasser d’ici 2030 (absence de politique de maitrise de la natalité oblige). 75% de la population vit dans les campagnes. 1/3 des personnes les plus pauvres de la planète vit en Inde ce qui équivaut à 220 millions d’indiens qui vivent en deçà du seuil de pauvreté. Les principales raisons de ce dénuement sont l’analphabétisme et un taux de croissance de la population largement supérieur à celui de l’économie.
Impossible de parler de l’Inde sans parler de castes, même si, dans le cadre de notre voyage, nous n’avons pu l’appréhender : la caste est la structure de base de la société hindoue. Ils existent 4 castes principales (prêtes et érudits, guerriers, marchands et serviteurs). En deçà de ces 4 castes, arrivent les intouchables relayés aux tâches les plus ingrates. Afin de passer au-delà de cette classification, le gouvernement applique une discrimination positive dans le secteur public et les universités.
Religions : 82% de la population est hindouiste  vient ensuite les musulmans (12%), puis les chrétiens (2,3%) et les sikhs (1,9%) principalement. On compte des conflits communautaires importants, en particulier entre les fanatiques hindous et les extrémistes musulmans depuis la partition entre l’Inde et le Pakistan lors de l’Indépendance du pays. Aujourd’hui, c’est le sujet du Cachemire qui oppose ces 2 pays. Il existe également des conflits entre hindous et sikhs.

Transport : alors nous voulions faire une mention spéciale aux transports que nous avons utilisés en Inde car c’est assez significatif de la société indienne en général : déjà c’est bondé (et comme l’indien ne sait pas faire la queue, c’est la guerre), ensuite c’est sale (entre les rats et les cafards dans les trains, j’ai cru syncoper) puis c’est bruyant (musique à fond et communications téléphoniques quoiqu’il arrive et à toute heure, genre excusez-moi le vocabulaire mais « j’emmerde le monde »). Donc quand vous prenez les transports en commun, vous avez vraiment ce sentiment de promiscuité, de misère et d’incivilité. Les indiens n’ont pas du tout les mêmes notions de savoir vivre et de respect de l’autre qu’en Occident et je trouve les indiens bien tolérants entre eux. Remarque, on s’habitue peut-être à ces agressions tactiles, auditives et odorantes…

Enfin, ces deux photos, représente assez bien le contexte indien de misère et de rapport à la propreté et à l’intégrité de l’homme différentes de nos sociétés occidentales et assez déroutant :



III.        Notre conclusion sur ce pays
Paroles de Nicoco : L’inde un pays a part et je pense que personne ne pourra me contredire. C’est, je dirais, le pays des extrêmes dans tous les domaines,environnement, population, climatique, éducation, le différentiel entre les gens riches et pauvres est absolument ahurissant, le pauvre n’a absolument rien il dort dans la rue ou sur un trottoir sur un rond point bref là où il a pu marquer son territoire. Les gens peuvent être désagréables, insupportables, voleurs, etc… ou à l’inverse d’une gentillesse incommensurable et tout vous donner. Unique de part cette diversité de peuples, de cultures, mais globalement fatiguant. Ce n’est pas un pays dans lequel on va pour se reposer c’est intense et parfois difficile à vivre. L’indien ne sait pas ce que c’est d’être seul et n’en n’a aucune envie, il ne comprend donc pas que vous puissiez en avoir envie, donc aucune intimité n’est à envisager et les regards peuvent se poser lourdement sur vous et surtout sur les femmes occidentales.
C’est le premier et le seul pays qui m’a rendu sensible à la saleté. Je suis aujourd’hui plus sensible que je n’ai pu l’être pendant près de 38 ans. Exemple : Imaginez Haridwar une des villes saintes d’Inde, un environnement bruyant où la foule se mêle en liesse, où l’on vous colle et vous touche et sollicite constamment dans la rue ou les gens pissent et chient sous votre nez où l’on est obligé de recouvrir des endroits de chaux tellement cela en devient terrible et vous avez une image assez fidèle du pire dans ce pays. Autre illustration il est monnaie courante de vous roter à la gueule au milieu d’une conversation ou de toute autre activité d’où l’expression les cochons d’inde !!! Cette pollution peut vous monter à la  figure : visuel tout d’abord, puis auditive, par le toucher des gens et bien sur l’odeur.
La nourriture peut être excellente ou terrible pour nos papilles occidentales. J’en ai fait les frais et tout mon corps s’en souvient. Deux faits notable une éruption de plus de soixante boutons dans le dos après un repas trop épicé ont eu raison de mes expériences culinaires, ainsi que une courante qui m’a poursuivi jusqu’à la fin de notre périple.

Au final la vie et les gens sont bien plus agréables en dehors des villes et les paysages sont en général à la hauteur. Finalement, l’Inde qui m’a plu serait peut être plus rurale et authentique (pour ce voyage du moins). J’ai vraiment adoré le nord et serais tenté de retourner dans ces régions frontalières comme le Cachemire, le Ladakh  mais pour être honnête cela ne m’a pas semblé être la « vraie » Inde.
Le pays a beaucoup à offrir mais nous avons eu un rythme soutenu et les constantes sollicitations ajoutées à la fatigue de fin de parcours, ont fini par nous user. Du coup nous avons été contents de quitter l’Inde et c’était la première fois durant tout ce voyage que j’étais heureux de quitter un pays. Avis donc aux voyageurs, si l’Inde vous tente sachez que ce n’est pas de tout repos mais que vous n’en repartirez pas déçu.

Paroles de Julie : je suis très contente de l’avoir fait, l’intérêt était de découvrir comment vivent 1,2 milliards de personnes. Ce pays n’est pas accessible à tout le monde, je pense, car ce mois a été tout de même assez éprouvant et au final, je suis contente de le quitter. Alors certes ce fut un enchantement tout ce mélange de couleurs, d’odeurs, de religions, de paysages, de beautés ! Cependant j’ai vraiment été choquée par la saleté et la misère : beaucoup vivent dans le dénuement le plus total, dormant dans les rues et n’ayant absolument rien mais c’est monnaie courante alors c’est difficile à dire mais on finit par l’accepter et s’habituer. Par contre, rien à faire pour la saleté, ces odeurs prégnantes de merde, d’égout, d’urine, vous prennent au nez et ça reste très désagréable. Autre élément que j’ai vécu difficilement, c’est le monde et la promiscuité, heureusement nous nous étions concoctés un petit programme agréable et équilibré, avec quelques sauts dans la cage aux lions. Cependant rien à faire, je préfère être en campagne… Enfin personnellement, quelques challenges à gérer comme  manger à la main, se laver au seau et à l’eau froide, accepter la promiscuité des bêtes (genre de gros cafards), accepter cette saleté ambiante… Donc heureuse et presque fière de l’avoir fait et d’en ressortir indemne. Nicoco dirait que je n’ai jamais autant employé l’expression « Oh my god ! », tellement j’étais ébahie de jour à jour des choses que l’on voyait et vivait !

IV.        Notre tour du monde : point après le 6ème pays


Paroles de Nicoco : J’étais curieux de l’Inde et on ne peut pas dire que j’ai été déçu cependant je savais que cela pouvais être éprouvant et je n’ai pas été déçu non plus.
Malgré ce nous avons encore partagé d’excellents moments et cela en dépit de la modification de nos plans (moins de trekking et plus de lieux culturels). Nous commençons à parler du retour et de nos envies.
Nous allons donc rentrer SDF car notre ancien appartement restera occupé jusque début décembre, cela nous permettra de voir où nous nous poserons en fonction de nos reprises d’activités respectives.
Pour la petite anecdote je suis en train de gagner mon pari de ne pas couper mes cheveux depuis notre départ, bon il faut dire qu’aujourd’hui ça devient un peu n’importe quoi (mode mouton le matin, et pétard l’après midi) et ce n’est pas très pratique mais bon je tiendrai ce challenge jusqu’au bout !! Vous verriez la tête des chinois habitués aux cheveux courts et raides, je ne passe pas inaperçu!
Nous entrons dans la fin du voyage et le sentiment est mitigé entre l’excitation de retour et la fin de cette aventure. On pourra dire quoi qu’il en soit que c’est un succès pour notre couple et que je suis toujours surpris que nous ne nous tapions pas plus sur le système. Imaginez 4 400 heures non stop avec votre conjoint, pas si facile quand on y réfléchit!
Voilà que dire de plus qui n’a pas déjà été dit précédemment par moi-même ou ma chérie à part que c’est toujours un bonheur.

Paroles de Julie : L’Inde était pour moi un gros morceau que j’appréhendais, donc je suis soulagée que ce soit fini. Nous avons partagé encore et encore de superbes moments et continuons à envisager le retour en listant les choses à faire, les rdvs professionnels et médicaux à caler, quelques éléments administratifs, la gestion de la location de l’appartement… Pour la petite histoire, étant donné les incertitudes professionnelles, nous avons fait le choix de prolonger la location de l’appartement de Nicoco de 3 mois, donc nous rentrons vraiment en short et à la rue, sans appartement jusqu’à début Décembre. Mais c’est aussi une liberté en attendant de voir où nos nouveaux engagements professionnels nous porteront.
C’est là que nous nous rendons compte combien nous avions bien géré notre départ, car nous ne nous sommes pas faits polluer par quoique ce soit (un grand merci à Maurice, le papa de Nicolas en particulier pour la gestion de notre courrier et des affaires courantes).

Je sens donc l’aventure qui touche à sa fin, partagée entre la joie de rentrer et la nostalgie de quitter cette parenthèse, une immense tranche de bonheur à deux où nous avons écrit une belle histoire ensemble. Et puis, maintenant, on se tape parfois sur le système vous comprenez 24h/24, 7j/7 depuis 6 mois…. mais ne vous inquiétez pas, on en rigole, on prend du recul et on se taquine !!! Et puis quel bizarrerie le retour de ne plus être collés serrés… Par contre, je lance un appel à témoins, depuis quelques semaines maintenant, j’ai l’impression de partager ma vie avec un personnage connu, tellement la chevelure de Nicoco devient imposante. Je lance donc un appel, reconnaissez-vous la ressemblance ?


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