lundi 4 avril 2011

Aux confins du monde...

Durant la traversée en bus de la Patagonie (rappelez-vous, les fameuses 37h…), nous avons pu prendre toute la mesure de la dénomination de « bout du monde » pour Ushuaia. En effet, nous avons voyagé pendant des heures dans des plaines désertiques, donnant ainsi l’impression de confins du monde, d’isolement total et déjà d’hostilité.
Plaines désertiques de la Patagonie 1


Plaines désertiques de la Patagonie 2 





Mais, arrivés à Ushuaia, soudainement le relief reprend sa place, pour laisser apparaître un massif montagneux, dense et enneigé, les derniers contreforts de la cordillère des Andes. Quant à la végétation, elle est constituée de denses forets indigènes de coihues, canelos et lengas (espèces de hêtres) sculptés par le vent, avec en cette saison des couleurs rougeoyantes superbes. Ushuaia est une ville colorée et animée, de 60 000 habitants, lové dans un cadre fabuleux entre le canal de Beagle et les sommets enneigés. Elle a le statut de « ville du bout du monde », puisque c’est la ville de plus de 20 000 habitants la plus australe au monde, avant l’Antarctique. C’est à partir de là, que l’on pénètre dans la magie de ce territoire, à la beauté sauvage et mystérieuse où la nature règne en maitre sur un archipel balayé par les vents. 

Au-delà du cadre naturel, ce territoire fascine par son histoire : la dénomination « Terre de feu », vient de la fin du 19èmeème siècle (l’île compte 3 200 résidants et 600 000 moutons !).  siècle, lorsque les colons sont arrivés, ils ont été surpris par la multitude de feux, allumés sur l’eau. C’était en réalité les cultures nomades locales, principalement les Yamanas qui faisaient du feu dans leurs bateaux afin de se réchauffer car il faut signaler qu’ils vivaient entièrement nus, enduisant leurs corps de graisse animale. La Terre de feu fut la dernière zone habitée du monde, les Yamanas sont arrivés sur place il y a seulement 10 000 ans car à l’origine, la région était un immense glacier qui s’est petit à petit retiré, laissant ainsi un puzzle d’îles au milieu de l’océan atlantique et pacifique et entre tous les cours d’eaux circulants. Ces populations se sont petit à petit éteintes victimes d’une part, d’épidémies apportées par les européens et amputées d’autre part, de leurs territoires par les chasseurs de phoques, colons et chercheurs d’or. Mais finalement, l’intérêt pour cette région par les colons, fut tardif : comme route commerciale après avoir découvert la route des indes et comme intérêt financier (or, traitement de la laine, élevage de phoques). Enfin, un dernier élément historique important à noter, la guerre des Malouines. C’est en effet depuis la Terre de feu que partaient les soldats argentins en 1982 pour lutter contre l’armée anglaise et récupérer ainsi une terre qu’ils revendiquaient depuis 150 ans. La défait argentine fut cuisante, la guerre dura un mois et détériora considérablement les relations anglo-argentines. Cette terre n’a pourtant rien d’extraordinaire, les anglais y avaient développé l’industrie de la laine depuis le milieu de 19

Le temps est terriblement changeant, allant même jusqu’à dire que l’on trouve les 4 saisons en une même journée. Pour notre part, nous cherchons encore l’été, mais pour le reste, nous confirmons le dicton. Le sport local est par conséquent d’attraper le rayon de soleil entre deux averses, pour ainsi profiter des paysages. Nous avons pu faire deux magnifiques randonnées au milieu de cette végétation dure, sculptée par le climat où le ciel ne s’ouvre que très rarement, tel un privilège pour celui qui veut bien être patient. Ce fut notre cas, profitant ainsi de panoramas montagneux et océaniques sublimes. Nous avons même pu ramasser quelques plantes sauvages (pissenlit et orties) pour agrémenter nos repas.


Arbre sculpté par les vents


Forêt de hêtres aux couleurs d'automne au dessus de la mer


Vue sur les monts enneigés
Forêts sculptées par les conditions climatiques




Ushuaia, quand la baie est découverte...


Ushuaia, le reste du temps....




Une famille nomade Yamana
Après quelques jours à terre, nous sommes partis pour 2 jours en mer, cap dans le canal Beagle tout près du cap Horn pour découvrir plus en profondeur cette terre hostile. Ces eaux ont fait leur réputation car elles présentent de nombreux dangers : tempêtes fortes et fréquentes avec une mer très grosse, courant circumpolaire antarctique et présence possible d’icebergs. De plus, la côte est très morcelée par la présence d’une multitude d’îles, ce qui valut à de nombreux bateaux d’échouer, constituant ainsi un vrai cimetière marin. Aujourd’hui, cette zone est bien moins empruntée car les bateaux passent par le canal de Panamá en Amérique centrale. 

L’hostilité de ce pays est encore plus palpable quand on se trouve en mer : l’eau et les vents sont glaciaux,  les courants contraires se déchainent, les dizaines d’îles s’imbriquent et s’entrecroisent tel un labyrinthe, le ciel est souvent très bas, les montagnes enneigées présentent ponctuellement d’immenses glaciers à l’allure terrifiante. C’est à ce moment là, que nous avons réellement pris conscience de la force des éléments naturels, ici en particulier l’eau et les vents. Alors un grand hommage aux courageux explorateurs d’hier et d’aujourd’hui, bravant ces conditions extrêmes. 

Nous avons eu pourtant dans l’ensemble un temps plutôt clément malgré un froid terrible qui nous obligeait à bouger en permanence lorsque nous étions sur le pont, nous poussant même à danser sur des airs de rock-n-roll! Mais un miracle est quand même apparu, Nicolas, qui normalement est malade dans les calanques en canoë, n’a, durant cette traversée, eu que très peu de signes de mal de mer, malgré de forts coups de mer, qui nous ont obligé à jeté l’encre près de 5h durant. Les mystères de la Terre de feu…. Durant ce périple, nous avons fait la rencontre insolite d’otaries, de phoques, de nombreux oiseaux tels des albatros, cormorans, goélands mais aussi de baleines, qui nous ont fait le plaisir de venir respirer à proximité du bateau. Enfin, durant la traversée, nous avons entamé un livre sur l’expédition de trois jeunes randonneurs sur une péninsule près du Cap Horn, alors petite pensée pour ma grand mère paternelle, « quelle richesse, d’agrémenter un voyage par une lecture complémentaire, qui finit de nous immerger dans les lieux que nous découvrons ». Et comble du hasard, à la fin du livre, l’auteur conclut sur le fait de dire que le voyage (pour lui 35 jours de marche intense dans ces paysages hostiles)  est fait pour faire voler en éclats, les habitudes, les automatismes, le carcan de la société afin de se recréer, retrouver sa vraie nature, son essentiel. Ah ah, ce mot me dit quelque chose, pas à vous ??


La carte de notre croisière en ferry
Vue sur la baie d'Ushuaia au loin, presque dégagée...


Panorama classique, patchwork d'îles sur fond de montagnes enneigées sous un ciel bas
un glacier rencontré sur la route...



Impression de bout du monde, non ?
Donc pour conclure, nous avons passé quelques jours très riches à essayer tant bien que mal d’apprivoiser ce climat pour mieux comprendre la fascination et le mystère qui planent autour de cette « Terre de feu », et je dois vous dire, que nous aussi, nous en sortirent, conquis et interpellés, il faut seulement du temps, du courage et de la patience, c’est une beauté qui se mérite et que nous recommandons à tous. Bon vent !!!














5 commentaires:

  1. Coucou les Amoureux! Ouh ben dis-donc on vient de comprendre qu'il n'y avait pas besoin de créer un quelconque compte pour commenter... ^^ Roôôoh... Bon, on a beau être un peu vieux c..., vous êtes qd mm ds nos favoris... et maintenant on va com-men-ter!!!! ;) Enormes Bises

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  2. Ah! Et, si, ce mot nous dit quelque chose à nous aussi... ;)
    Re-Bisous (plein)

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  3. En ce 8 avril, je te souhaite une BONNE FÊTE ma Ju !
    De gros gros bisous...
    Elo

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  4. J'ai oublié ton anniversaire mais aujourd'hui je te souhaite une Bonne Fête petite Julie et plein de gros bisous.
    MaMartine

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  5. Guide vip pour voyage hors des sentiers battues, en voila une idée de reconversion professionelle...Bravo à vous deux pour ces commentaires complets et détaillés quel travail!Nico tu l'aides un peu ou tu dors à côté?
    Bonne route.soph

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