lundi 30 mai 2011

Découverte des campagnes de Hispaw et du lac Inlé

2ème partie du voyage, à la rencontre de la campagne birmane. Pour cela, nous sommes tout d’abord partis vers le nord, sur les territoires Shan, au niveau de la ville de Hispaw. Les Shans représentent 9% de la population et constituent la 1ère population après les Bamars. Ils ont une forte empreinte chinoise, du fait de leurs origines mais aussi de la venue de chinois suite à la seconde guerre mondiale ainsi qu’à la révolution culturelle. Les Shans ont combattu longtemps les Bamars, encore aujourd’hui, il existe une armée locale en guerre contre le gouvernement. Par voie de conséquence, cette région ne fut ouverte aux touristes qu’en 1996.

Sur place, nous n’avons pu faire de trekking cependant, nous avons loué une mobylette ce qui nous permis de visiter les alentours, sous les yeux intrigués et amusés des locaux qui vivent au rythme du temps et attendaient patiemment le début de la saison des pluies qui se faisait attendre… Nous avons découvert des sources d’eaux chaudes, de belles cascades ainsi que de paisibles paysages de rizières et de moyenne montagne où les agriculteurs font de la culture sur brulis au détriment de magnifiques arbres et bambous. La déforestation est un problème important en Birmanie, l’une des plus importantes de la planète.

Nous sommes également allés à la rencontre de villages palaung, communauté pacifiste très isolée n’attendant rien du gouvernement et cherchant la tranquillité. A chaque rencontre, le même scénario, des gens au premier contact assez timides, puis très souriants et amusés par notre venue. Profitons de l’occasion pour revenir sur la richesse et la diversité démographique : sur 47 millions d’habitants, la Birmanie compte 135 groupes ethniques distincts même si 8 nationalités ont été officiellement reconnues : Bamar, Shan, Môn, Karen, Kayah, Chin, Kachin et Rakkhaing. Ce territoire a été fortement convoité donc de multiples vagues de colonisation se sont suivies créant cette mosaïque de peuples aux inspirations chinoise, thaïlandaise et indienne. La topographie du pays ainsi que l’isolement imposé par la junte, ont contribué à séparer les différentes ethnies voire aussi à attiser les tensions culturelles même si toutes se retrouvent contre la suprématie des Bamars au gouvernement.  Au final, impossible de dresser le portait typique d’un birman, tant les inspirations sont déroutantes. Retour à notre périple…






Le pilote blanc des colines de Hispaw

Un petit bouddha bien mignon

Village typique local

Illustration de la culture sur brûlis
Cette riche campagne nous a régalés, dégustant les fruits locaux comme l’orange, l’ananas et les mangues, découvrant de magnifiques étalages de légumes au marché et dégustant de bons plats dans la rue. De façon plus générale, la nourriture birmane est très bonne principalement à base de riz, noddle et de currys de toutes sortes toujours avec beaucoup d’herbes et d’aromates locaux. Par contre, c’est toujours très riche et surtout gras, les birmans sont friands de beignets de toutes sortes (bananes, œufs, samosa, fruits de la mer, légumes, purée de pois chiche…), donc pas très bon pour la Julie qui a souffert quelques fois de l’estomac. La dernière grande caractéristique est le sac plastique, tout est mis en sac prêt à emporter, mais du soda à la paille, à la soupe en passant par les noddles frits. Et bien entendu, le sac fini par être balancé dans la nature, le respect de l’environnement et le tri sélectif, ne sont pas encore à l’ordre du jour… Mais il est l’heure de revenir à notre récit….
Exemples d'étalage sur le marché

Beaucoup de vert, de légumes, pour le grand bonheur de Nicoco
Un exemple de restaurants de rue, ici c'est barbecue party !

Nicoco a failli se lancer dans le commerce de Mangues....
Enfin une autre rencontre importante, fut celle que nous avons faite avec une équipe projet chinoise à notre hôtel : nous avons alors appris que la Chine et la Birmanie avait signé un projet de double pipeline (gaz et pétrole) qui traversera la Birmanie pour ainsi connecter Inde et Chine et pouvoir consommer les richesses birmanes. Par contre, aucune embauche birmane et aucune clause de rétrocession… ce projet pharaonique est un cas d’école sur le fonctionnement économique du pays : d’une part, les richesses se font piller par les 2 sœurs voisines (Chine et Inde), tel un colonialisme moderne, d’autre part, l’argent récupéré ne profite qu’au gouvernement puisque le peuple n’en verra jamais les fruits (argent, ressources, travail). Et c’est comme cela que la junte fonctionne avec les richesses nationales, comme le teck (75% des réserves mondiales), l’héroïne (le pays étant le deuxième producteur mondial en dérivés opiacés) et bien d’autres…

Après ces découvertes concrètes du système économique, nous embarquons en bus vers Kalaw plus au Sud, point de départ d’un trekking à destination du lac Inle. Et nous sommes dans l’obligation de faire une pause pour vous raconter l’épopée bus jusqu’à Kalaw. En voici les principales caractéristiques : la TV à plein tube et en continu aux rythmes des chansons ou films birmans niais ; pas de climatisation donc fenêtres ouvertes pour avoir une arrivée directe sur la poussière de la route en terre ;  une chaleur suffocante surtout quand vous avez les sièges du fond, le dos collé au moteur ; 32 places officielles mais avec des tabourets dans les allées pour optimiser ; remise de sacs pour vomir dès l’entrée du bus, systématiquement utilisés par des voisins birmans qui vomissent très silencieusement et sans odeur (Merci les amis !) ; dernier détail, ayant pris les derniers billets disponibles, nous nous sommes retrouvés sur une planche en bois à partager à 3, qui bien entendu glissait, donc avec nos voisins, tel un ballet silencieux, nous nous levions à l’unisson pour remettre en place ladite la planche et je vous passe les douleurs au postérieur bien entendu ! Un voyage terrible sur une route sinueuse arrivant à destination à 4h du matin après 13h de bus, mais nous apprendrons plus tard, que ce ne fut pas le pire de Birmanie…

Dès le surlendemain, nous partons en trekking avec un guide, Jimmy, un cuisinier, Sowe et accompagné de Rob, un australien sympathique retrouvé par hasard après l’avoir rencontré à Yangon. Malheureusement, la première journée fut tellement pluvieuse et le terrain glissant que nous avons du changer nos plans et ne pas aller au lac Inle à pied. Petite déception mais étant donné l’état de ma cheville, c’était la première vraie randonnée, c’est un mal pour un bien. Et puis belle consolation, les villages sont en effervescence du fait de ces premières pluies, il est temps de labourer avec les buffles d’eau, puis de semer, le riz principalement…Encore une fois, la terre est très riche et rouge, la nature très belle et verdoyante. Nous traversons plusieurs villages népalais (arrivés à l’époque britannique pour construire routes et chemin de fer), Danu et Pa-o, dormons chez l’habitant puis dans un monastère. L’accueil est toujours très agréable, convivial et au rythme du Bouddha, auprès de qui nous dormirons les deux nuits (petit sanctuaire dédié avec offrandes, bougies et encens). Les nuits sont d’ailleurs agitées par la venue intempestive de bestioles volantes dont des moustiques, par l’inconfort du lit (enfin de la natte posée à terre) et par les réveils matinaux (du fait des moines ou de nos départs matinaux). Parmi les temps forts de nos rencontres, pour Nicolas ce fut ses échanges avec un homme, le médecin pharmacien du village, concoctant ses médicaments naturellement. Pour Julie, ce fut le rituel des bracelets du voyage partagé avec une dizaine de femmes et enfants (bracelet orange crée en France avec sentence tibétaine « Le voyage est un retour à l’essentiel »). Enfin, au-delà de la marche, du coup assez réduite, nous avons fait l’expérience du train birman (lent, inconfortable, bondé), avec à chaque arrêt des vendeurs ambulants et du transport de denrées alimentaires : un vrai folklore où nous faisions office de bêtes de cirque. Ces 3 jours furent donc au final bien agréables, les repas délicieux et les échanges intéressants. En particulier avec notre collègue australien Rob, qui nous donna un éclairage précis sur le bouddhisme et une introduction à la méditation. Petite déception cependant pour le guide, de piètre qualité, cyclothymique et surtout très fatigué. Nous apprendrons plus tard qu’il est atteint du sida depuis quelques années déjà et qu’à l’époque, il était reconnu de tout pour son travail. Triste découverte. 

Nicoco en admiration devant une Amaranthe

Nicoco et son pote le magicien aux poudres de Perlinpinpin

Julie et le rituel du ruban 1

Julie et le rituel du ruban 2

Paysages de rizières à l'heure des premières pluies

La saison des pluies ouvre le début des semences de riz

Préparation de la terre avec les buffles d'eau


Profitons-en pour revenir un instant sur la religion : 89% des Birmans sont bouddhistes (le reste étant musulmans 4%, chrétiens 4%, hindouistes 1,5% et animistes 1%). On pratique en Birmanie le Bouddhisme theravada ou bouddhisme du Petit Véhicule, qui défend que le Bouddha n’est pas un dieu mais un simple mortel qui a atteint l’éveil : plus proche de la philosophie que de la religion, cette doctrine sans divinité prêche une discipline personnelle, qui par « l’accumulation de mérites », aidera l’individu à renaitre dans une existence meilleure (croyance en la réincarnation), à se diriger vers le chemin de l’Eveil et petit à petit vers le Nirvana, extinction du cycle des réincarnations. A partir de là, il est essentiel de vous présenter quelques préceptes : selon Bouddha, l’existence est une satisfaction impossible du fait du « désir égoïste » (le bonheur est temporaire, vide et non satisfaisant) et lorsque l’homme renonce à ce désir, il atteint un état de parfaite sagesse. Or pour cela, il doit se tourner vers l’intérieur, et maitriser son esprit en pratiquant la méditation. Dans la vie quotidienne, les birmans cherchent à gagner une vie meilleure en nourrissant les moines, faisant des offrandes aux temples et en pratiquant leurs dévotions dans les payas (temples locaux). Fin de la parenthèse et retour sur notre périple.

Nous sommes finalement arrivés au lac où nous passèrent deux très belles journées. Commençons par décrire ce qu’est le lac Inle : long de 22km et large jusqu’à 11km, cette étendue d’eau paisible se situe entre des collines verdoyantes et des sommets plus arides, c’est l’un des paysages les plus féeriques du pays de part son côté paisible et son immensité. C’est la tribu Intha qui peuple ce lieu : asservie par les Shans, les Inthas furent déportés sur le lac Inle. Ils entreprirent alors de bâtir de véritables îles artificielles. Découpant de larges bandes de terre entremêlées de végétation, ils les trainèrent sur l’eau, où elles flottent, amarrées au fond du lac avec de longs troncs de bambous. Sur ces digues peuvent ainsi naitre une maison sur pilotis mais aussi des cultures flottantes, qui font la spécialité, avec la pêche, du lac. Autant dire que la frontière entre terre, marécage et lac est floue. Le seul moyen de navigation est bien entendu le bateau, à fond plat traditionnel ou à moteur.

Les petits villages sur le lac sont autant de petits « Venise », avec leurs maisons traditionnelles sur pilotis, leurs « gondoles » et leurs petits ponts. La vie du lac suit le rythme des cultures, de la pêche, de manufactures locales (tissu, cigares, ombrelles) et du tourisme. En ce qui concerne la pêche, c’est un spectacle acrobatique que nous offrent les pêcheurs en pagayant avec le pied ; concernant les cultures, les jardins flottants font pousser fleurs, tomates, courges et autres fruits et légumes. Concernant le tourisme, ce fut l’un des premiers sites touristiques ouverts en Birmanie. Dans les années 1990, le régime était en faillite et à ouvert petit à petit le pays, décrétant en 1996, l’année du tourisme en Birmanie. A ce moment là et encore aujourd’hui, 2 positions bien tranchées : pour ou contre le tourisme ? Car qu’on le veuille ou non, la junte tenant l’économie, en dépensant en Birmanie, le touriste accepte de financer la junte. Cependant, isoler un pays du regard international n’est guerre mieux. Ajouter à cela le fait que pour bâtir les infrastructures touristiques, le gouvernement a fait appel au travail forcé et le choix finit par être autant militant de cornélien pour venir faire du tourisme au Myanmar. Cependant pour information, la situation a évolué et on évalue que le touriste moyen dépense 80% dans des structures privées. De notre côté, à notre connaissance nous aurons « financer la junte à hauteur de » 230 $ (vol interne + tickets d’entrées dans des sites archéologiques+ visas + taxe de sortie du territoire). Fermons cette parenthèse et revenons à notre majestueux lac Inle.

Résidant au bord du lac, dans la ville de Nyuangshwe, nous nous sommes régalés car les rencontres furent très riches et nombreuses, les locaux encore plus accueillants que d’habitude (pourtant les touristes sont théoriquement plus nombreux, même si nous sommes actuellement en période creuse). Permettez-nous de vous décrire quelques unes de nos plus riches rencontres : Nicolas a partagé une partie de football traditionnel avec des jeunes locaux (jeu nommé chinlon, sorte de tennis ballon à l’aide d’une balle de rotin tressée); nous avons retrouvé plusieurs soirs des jeunes chantant aux sons de leurs guitares sous la nuit étoilée (reprise de chansons internationales traduites en birman) ; enfin une rencontre fortuite, celle d’un chauffeur de calèche qui tracta notre mobylette dont la roue avait crevé. En effet, nous avons loué une petite mob (ça devient une habitude) pour partir visiter les alentours du lac, journée fort sympathique car hors des sentiers battus touristiques. Cependant la mob était pourri, le loueur nous a même laissé son numéro de téléphone, tellement qu’il avait confiance en son engin… au final au-delà de la difficulté de démarrer, Nicoco s’en est sorti comme un chef, et Julie se chargeait de faire klaxon et clignotants ! Cependant, sur la route du retour, une crevaison. Par miracle un chauffeur de calèche s’arrête et tracte le scooter sous les regards amusés des locaux mais aussi de Julie. Donc une aventure bien rigolote qui nous a permis de tester la solidarité locale ! 

villages sur pilotis, les Venise locaux

une manufacture de cigares

discussion entre pêcheurs sur le lac Inle

Ballade en ombrelles sur le lac


jardins flottants


Avant de conclure sur le lac Inle, nous voulions nous arrêter quelques instants sur le sort des célèbres « femmes girafes », présentes dans la région (petit message pour Martine, la maman de Nicoco, « c’est un paragraphe spécialement pour vous ! »): l’ethnie Padaung dont sont originaires ces femmes, habitent au sud du lac Inle près de la frontière thaïlandaise. A l’origine, la pause de ces anneaux servait à rendre les femmes moins belles aux yeux des communautés voisines. La pause de ces lourds anneaux entraine la déformation de la clavicule et des côtes supérieures en repoussant les épaules vers le bas. Or aujourd’hui, elles sont devenues de vraies bêtes de foire et la pause de ces anneaux est à des fins commerciales. De nombreuses femmes girafes sont emmenées en Thaïlande, gardées en quasi esclavage pour être montrées aux touristes. Nous en avons fait d’ailleurs la triste expérience dans une échoppe du lac, et Nicoco a décidé de boycotter cette rencontre pour ne pas cautionner cette traite.

dimanche 22 mai 2011

Les cités impériales de Bagan et Mandalay

Pour gagner du temps et du confort, nous avons opté pour l’avion afin de rejoindre Bagan, cependant malgré nos précautions, nous réaliserons plus tard que l’entreprise « privée KBZ » était finalement une immense holding ayant sûrement des liens directs avec le gouvernement. Car, le but de ce voyage comme vous le comprendrez est de visiter le pays, d’en comprendre le fonctionnement mais d’éviter au maximum de donner son argent à la junte qui dépouille suffisamment le pays, vous le découvrirez au fil de notre récit, malheureusement…

A l’arrivée, nous avons été surpris par une nature aride quasi désertique avec seulement quelques cactus et palmiers à sucre comme touche de verdure, une terre ocre, un territoire couverts de temples avec en fond d’écran le fleuve Irrawady et quelques montagnes. La vue d’ensemble est un émerveillement, imaginez une plaine d’environs 65 km² recouvert aujourd’hui de près de 4 000 temples principalement en briques rouges. Cet ensemble a été initié au 11ème siècle par le roi Anawratha, qui, après avoir unifié une partie du pays, introduisit le bouddhisme theravada comme religion officielle. Ainsi, pour donner corps à sa foi et créer un site à la hauteur du Bouddha, il lança une grande campagne de constructions bouddhiques, jamais imaginée jusque là. En 230 ans, plus de 6 000 temples furent construits, principalement en teck (d’où leur fragilité) et 11 rois se succédèrent. En 1287, c’est le déclin du cœur de la culture birmane avec l’envahissement par les mongols.

De nos jours, le site reste majestueux, un peu à l’image d’Angkor au Cambodge bien que le gouvernement ait pris la décision unilatérale de déplacer toute une population qui vivait sur place pour décréter la zone « archéologique nationale ». Par contre dans le détail de chaque temple, c’est un peu décevant car c’est très simple, voire épuré il ne reste que la construction en brique et pierre et de multiples bouddhas voire de rares peintures murales. Le principal intérêt repose sur les terrasses extérieures qui permettent de bénéficier d’un superbe point de vue en particulier lors du coucher du soleil, merveilleux et magique. Pour la visite, du fait de ma cheville, nous avons opté pour la location d’une calèche (très romantique non ?!) qui nous permis d’enchainer près d’une quinzaine de temples en une journée. Largement suffisant pour une première découverte de la culture birmane. A ce sujet, 2 précisions à faire, en Birmanie, il n’est d’art que religieux donc durant notre voyage, les points d’intérêt seront les temples, monastères et bouddhas qui doivent briller en hommage au Bouddha. D’autre part, les bouddhistes n’ont pas du tout la même notion du temps que les occidentaux, tous les monuments sont régulièrement rénovés avec les moyens du bord pour être toujours impeccables aux yeux du bouddha, quitte à gâcher l’original…

Au-delà du site de Bagan, nous en avons profité pour visiter le mont Popa, autre élément essentiel religieux national : croyance d’origine animiste, la culture des nats ou esprits est fortement populaire en Birmanie. D’ailleurs, le roi Anawratha au 11ème siècle, a même été obligé, devant la ferveur populaire, de l’intégrer à la religion officielle par un tour de passe passe consistant à introduire un 37ème nat, supérieur aux autres représentant bouddha. A l’origine, ces nats représentent des personnages historiques ou de légende qui ont soit péri de mort violente soit injuste. Petit à petit ces esprits sont devenus protecteurs, on en compte aujourd’hui officiellement 37 et chaque jour, les birmans leurs accordent des offrandes soit chez eux soit au pied d’un arbre sacré, soit sur des lieux de culte dédiés toujours aux couleurs rouge et blanches des nats. Il existe également des cérémonies quasi chamaniques où les birmans par des incantations cherchent à entrer en contact avec les esprits. Le mont Popa représente la résidence spirituelle des 37 nats. C’est un pic solitaire volcanique de 750 m se dressant au dessus de la vallée depuis plus de 250 000 ans. L’excursion fut très agréable, nous avons grippé le long des allées couvertes à la rencontre des différents temples dédiés aux nats, accompagnés de singes voleurs qui assurent la sécurité du site ! 

Vue majestueuse de la plaine de Bagan

Nicoco s'essaie au thanakan, tradition locale

Un bouddha par les milliers que nous croiserons....



le célèbre Mont Popa, site des Nats ou esprits

Rencontre avec les protecteurs du site du mont Popa...
Nous avons ensuite rejoint Mandalay en bus pouvant ainsi apprécier la vie quotidienne des paysans, charrettes à bœufs, rizières irriguées et plaines ondulantes. La ville de Mandalay constituait pour nous une escale rapide, n’ayant pas été particulièrement enthousiasmés par ce que nous avions lu. Au final, en 24h chrono, nous avons fait les grands classiques et cela en usant de tous les transports possibles pour économiser ma cheville : trishaw (pousse pousse local), tuk tuk (moto fourgonnette à 3 roues), mobylettes et fourgonnettes collectives bondées ! Parmi les choses que nous retiendrons :
  • Le spectacle des Moustache Brothers : la ville de Mandalay est aussi le cœur culturel de la Birmanie, résidence des célèbres dissidents « les Moustache Brothers ». Ces 3 frères sillonnaient alors le pays pour jouer des opéras populaires avec danses, musiques et farces et en profitaient pour dénoncer le gouvernement. Cependant, plusieurs d’entre eux allèrent en prison ou firent du travail forcé. Aujourd’hui, ils restent sur Mandalay, pour présenter un spectacle exclusivement aux touristes en anglais, mais quelle déception, aucun élément politique ni historique, simplement des danses traditionnelles et quelques notes d’humour acerbe très limitées. Un triste visage qui en dit long sur la dissidence locale, réduite à néant…
  • Le temple «  Paya Mahamuni » : la principale curiosité est un bouddha de 4m en bronze recouvert d’or. La tradition veut que les pèlerins fassent offrandes de feuilles d’or pour recouvrir le bouddha qui jouit aujourd’hui de près de 15 cm d’épaisseur d’or. Par contre, les femmes n’ont pas accès au bouddha, curiosité locale très isolée. Le travail de l’or est donc une spécialité locale, comme le commerce de jade. La Birmanie regorge de minerais précieux, qu’elle n’exploite que peu mais dont elle se fait piller, principalement par la Chine, sa grande sœur.
  • Un beau pont sur pilotis : long de 1 200m et constitué de plus de 900 piliers de teck fait chacun d’une seule pièce, c’est le pont en teck le plus long du monde. Ce pont traverse un lac, permettant ainsi de connecter le village au reste de la ville. Mais au-delà du record, c’est un lieu de rencontre et de vie quotidenne, en particulier avec les moines, qui apprécie cette promenade pour méditer sachant que Mandalay est une ville d’enseignement monastique très active.
  • De très beaux monastères en teck : la Birmanie regorge de monastères, cependant les structures traditionnellement en teck ont rarement été conservées. A Mandalay nous en avons visités de magnifiques aux ornements en teck sculpté, aux toitures carrées à étages dentelées reposant sur des centaines de piliers en teck massif. Magnifique et très fin. D’autant que les monastères constituent un havre de paix et de fraicheur pour le touriste abattu par la chaleur.
60% des moines du pays sont à Mandalay, nous profitons de l’occasion pour vous dire quelques mots sur cette culture monastique. En effet, difficile de voyager en Birmanie sans croiser régulièrement des moines qui se comptent au nombre de 500 000 sur le territoire, c’est la seule vraie institution civile du pays. La coutume impose à tout homme birman d’effectuer au moins 2 retraites dans sa vie d’au moins une semaine. Levés à 4h du matin, les moines passent l’essentiel de leur temps à prier et méditer. Concernant les repas, le matin, ils arpentent les rues avec leurs bols pour obtenir des offrandes de nourriture. Mais attention, ils ne mendient pas, ils offrent l’occasion à la population d’accomplir son acte de « dhana » et d’acquérir ainsi le mérite. Têtes rasées, la tenue traditionnelle est une robe rouge foncé pour les hommes et roses pour les femmes. Par contre, les femmes n’ont pas la possibilité de devenir un Bouddha et occupe une position subalterne, d’ailleurs sur certains sites religieux, elles n’ont pas le droit de pénétrer. Dernier élément intéressant, de nombreux enfants sont envoyés dans des monastères faute de moyens, car tout moine est nourri, logé et blanchi. Nous avons rencontré de nombreux moines et novices, les rencontres furent plus ou moins riches et sincères, car à mon goût, tous n’ont pas les mêmes convictions (rencontre avec un guide avide moine par exemple). Enfin pour revenir à Mandalay, sachez qu’en 2007 c’est depuis cette ville qu’est né l’élan de protestation mené par des moines, contre le gouvernement du fait de la hausse des prix. Ce mouvement a rassemblé près de 150 000 personnes dans les rues. Cependant le gouvernement a rapidement mis fin à cette rébellion et arrêté les principaux leaders. 

Rencontre de moines sur le plus long pont en teck du monde

Visage d'enfant au tanakhan !!


Arrêt sur images sur les "Moustache Brothers", célèbres dissidents

Magnifique monastère en teck

Vue d'ensemble de Mandalay
Nous quittons maintenant la ville de Mandalay, sa chaleur accablante, son dense trafic, ses édifices modernes et sa forte présence chinoise… pour monter en altitude et rejoindre les territoires shan. Pour tout vous dire, nous repasserons plus tard sur Mandalay, en transit d’une après midi, mais la chaleur était telle que nous avons opté pour la piscine municipale, si c’est pas scandaleux pour des globe-trotters !

mardi 17 mai 2011

Premiers pas à Yangon

Nous avons très rapidement déchanté quant à la liberté de vous donner des nouvelles car nous nous sommes rendu compte que notre blog était black listé donc impossible de poster de nouveaux contenus. Il a fallu attendre le départ de Birmanie pour pouvoir rendre disponible nos dernières aventures…Excusez nous donc pour ce silence…

Après un petit saut sur Bangkok, nous voilà bien arrivés à notre 4ème destination, la Birmanie. Dès notre arrivée à l’aéroport, nous sommes dépaysés et depuis la Bolivie, ça nous manquait…. Les hommes arborent ce que l’on appelle un longyi, un sarong noué à la taille, tel une jupe ; idem pour les femmes mais ça surprend moins, par contre, ces dernières ainsi que les enfants se maquillent le visage d’une pate jaune tirée de l’écorce d’un arbre nommé thanaka, pour entretenir la peau, la protéger du soleil mais aussi se maquiller, le 3 en 1 local ! Au-delà de la tenue, et bien fini la compréhension et la communication aisée, le pays a bien été colonisé quelques décennies par les Britanniques de 1886 à 1948, cependant peu parlent Anglais et assez sommairement. Rajoutez à cela leur magnifique et élégante calligraphie, impossible à déchiffrer pour nous ainsi que leurs dialectes locaux (près de 140 au total). Alors nous nous sommes rapidement mis au Birman sur les basiques (bonjour, bonsoir, merci, oui / non, svp, combien..).

Alors en frôlant le sol de ce pays, mes premières pensées vont pour la Croix Rouge et en particulier les équipiers que j’ai envoyés sur place en 2008 suite au passage du cyclone Nargis et qui ont eu les plus grandes difficultés du monde à travailler, malgré la gravité de la catastrophe avec au moins 140 000 personnes disparues. Petites pensées donc pour Mathilde, Riri, Francky, Papou….

Notre premier contact avec ce pays a été très agréable, les Birmans sont d’une grande hospitalité même si surpris de rencontrer des Occidentaux. Alors certains restent discrets, d’autres nous observent et un sourire de notre part lève toute inhibition tandis que d’autres viennent à notre rencontre. C’est assez surprenant car en capitale (même si ce n’est plus la capitale officielle, le gouvernement ayant décidé en 2005 de la déplacer dans une ville inconnue au centre de la Birmanie), il y a un flot constant de touristes (quelques avions quotidiens principalement depuis Bangkok), cependant, on se retrouve vite seuls blancs dans les marchés, lieux de culte et rues, ce qui est fort agréable d’ailleurs.

Ce qui interpelle très rapidement (après la chaleur), c’est l’omniprésence du religieux en plein cœur de la ville, je m’explique : les temples se trouvent au milieu de la civilisation, remarquable par leur gigantisme et surtout leur brillance en feuille d’or ; des moines à foison vêtus d’une robe pourpre, hommes comme femmes arpentent les rues ; des bouddhas un peu partout dans toutes les positions (assis en méditation, allongé à l’écoute…) ;  la ferveur des gens à prier dans les temples mais aussi dans la rue ou en voiture, en fait, dès qu’ils passent devant un lieu « sain ».

D’ailleurs, nous avons eu la chance de vivre 2 évènements religieux distincts, grâce à la pleine lune « the full moon day » :
  1.  le rituel du passage du feu hindou : nous n’avons pas compris toute la portée de cet évènement, mais nous en avons pris plein les yeux par la multitude des couleurs et le spectacle d’hommes peints en jaune, portant des serpents, qui en transe, traversent les braises au son de percussions dansantes. Nous sommes restés bouche bée, inoubliable ! 
  2.  la naissance de Bouddha : plus symbolique que folklorique, il s’agit du jour où bouddha, naquit, connut l’Eveil et  entra au Nirvana (les 3 anniversaires). Concrètement, c’est un jour de fête dans les temples où les familles pieds nus viennent donner des offrandes aux figures symboliques de bouddhas, prier, arroser les arbres sacrés (car Bouddha est très lié à la nature et naquit d’un arbre, un peu comme le buisson ardent) mais aussi se distraire (musique, jeux, restauration). 
Alors nous nous familiarisons avec cette nouvelle religion, un bouddhisme nourri des traditions empruntées à l’hindouisme (forte présence historique indienne) mais aussi à l’animisme (culte des nats, des esprits). Quelle richesse ! Nous allons essayer petit à petit au fil de notre voyage, de vous la faire découvrir aussi… 

Au cœur de la fête hindoue.
Parmi nos premières riches rencontres, nous avons fait la connaissance de quelques étudiants d’origines différentes, des tribus shan, chin et cachin qui constituent aujourd’hui le Myanmar. Nous avons pu échanger sur de nombreux sujets librement et clou de ces discussions, ils nous ont fait visiter l’un des nombreux monastères, où ils vivent. Nous devons les revoir à notre retour à Yangon. Ci-dessous une photo de groupe où vous pouvez apprécier la diversité ethnique de ce pays avec des tonalités indienne et asiatique. Pour information, le taux d’alphabétisation est de 93% cependant moins de la moitié de la population va à l’école passée l’école primaire, qui est obligatoire. 

Une illustration de la richesse ethnique birmane
Nous avons été surpris par leur apparente liberté culturelle : beaucoup de livres, films, musique et quelques journaux sont à la vente dans les rues. D’autre part, on compte de nombreux cinémas à Yangon et nous avons même tenté l’aventure, je vous décris la scène : imaginez une salle de théâtre comble d’une population jeune grignotant en continu des pépites (vous entendez le crépitement ?), devant un film type Série B à humour grossier genre Benny Hill. Une expérience intéressante que nous avons vécue « en loge », comprenez entre deux paravents pour garantir un peu d’intimité (ce sont les sièges VIP locaux). D’ailleurs parmi les autres expériences locales : le trishaw, pousse pousse national où les sièges sont dos à dos tirés par un cycliste, un espèce de side-bike. Mais aussi la mini-voiture locale, que Nicoco a bien apprécié (cf. les photos).

Nous partons maintenant pour quelques semaines à la rencontre de ce pays sans programme bien défini, nous essaierons dès que possible de vous donner des nouvelles, mais paradoxalement nous ne sommes pas aussi coupés du monde que nous le pensions, je dirai même plus, nous avons pu suivre les derniers potins français, et l’actualité « politico-people » est riche entre le scandale sexuel de DSK et la grossesse de Carla !  Allez à très bientôt…

vue de Yangon, un temple au milieu de la ville, typique

Nicoco et sa voiture préférée

Nicoco en trishaw, le pousse pousse local


La célèbre Paya Shewagon, magnifique

vendredi 13 mai 2011

En transit à Bangkok

La prochaine destination est la Birmanie. Cependant, pour des questions de visas, nous devons passer par une étape intermédiaire et nous avons choisi Bangkok en Thaïlande. Nous voilà donc parachutés pour quelques jours, le temps de préparation du visa, en capitale thaïlandaise, premier pas en Aise pour moi.

Juste quelques mots sur ces quelques jours : la moiteur, et dire qu’il y a quelques semaines nous étions à Ushuaia avec toutes les épaisseurs possibles…. Là, nous cherchons les ventilateurs, coins d’ombre, points d’eau et autre sources de fraicheur. La ville est très touristique et semble envahie par les français ce qui n’est pas très intéressant… de mon côté, j’arrive avec des aprioris en particulier selon lequel c’est le règne du tourisme sexuel. A partir de là, difficile d’apprécier la ville… Heureusement, ça ne s’arrête pas là et Nicoco, qui connait déjà Bangkok, me fait découvrir ses bonnes adresses car comme en France, il a SON centre de massage bien précis, SA gargote pour manger, SES mangues préférées…. Mais il a bien raison, et je partage avec plaisir ses semblants d’habitude : nous dévorons fruits et jus toute la journée d’orange, de mangue, de pastèques et autres fruits locaux ; quand la gourmandise ou la faim nous prennent, nous nous arrêtons dans une gargote de rue, pour déguster des plats Thaï très sains que nous digérons sans souci ; nous visitons quelques temples manière de s’acclimater à la culture bouddhiste avec les différents bouddhas dans toutes les positions possibles ; et dernier élément local, culturel et indispensable : les massages thaï. Avec ma cheville, j’ai fait soft, par contre, Nicoco s’est régalé, retrouvant sa première masseuse en 2008 maintenant !! Mais pas de souci, elle ressemblait plutôt à un sumo qu’à une déesse asiatique et puis quand vous voyez comment elle le maltraite, je pense que je n’ai pas à m’inquiéter.

Pour la suite, départ pour la Birmanie Samedi 14 Mai pour 3 semaines. A ce sujet, il se peut que nous ayons des difficultés à communiquer. Merci de ne pas nous en tenir rigueur et de ne pas vous inquiéter, pas de nouvelles, bonne nouvelle !!!!

Bilan d'Australie

I.        Quelques chiffres :
·         1 sentiment unanime : un très agréable voyage
·         2 kangourous vus de nos propres yeux
·         3 semaines passées pour 2 700 € dépensés
·         Près de 4 000km parcourus en train, bus, avion et van

II.        Quelques éléments de contexte sur le pays
·         21 millions d’habitants
·         7 686 850 km² pour une densité de 2,5 habitants au km²
·         4,5 % de chômage
·         12ème économie du monde et 2ème pour son développement humain
Nous sommes restés très peu de temps, difficile donc de vous décrire un contexte assez général de cette île-continent, car nous n’avons eu qu’une vue parcellaire du pays. Cependant, quelques éléments qui m’ont paru importants pour mieux comprendre :

Géographie : ce pays est atypique à bien des égards car rappelons qu’il a été coupé du reste des continents il y a 45 millions d’années. Par conséquence, faune et flore sont originales car n’ayant eu aucun échange avec les autres continents terrestres, de nombreuses espèces endémiques se sont développées. Géologiquement, par exemple, la croute terrestre est ancienne, épaisse et n’est pas sujette aux mouvements de plaques voisines. Côté climat, il reste très aride excepté au niveau des tropiques et la saisonnalité suit les pérégrinations cycloniques d’El Niño. La conséquence principale est une grande diversité de paysages et l’existence d’une multitude de parcs nationaux où il fait bon « randonnée dans le bush » (c’est comme ça qu’ils appellent leur campagne).

Histoire : la côté Est du continent, habitée par des aborigènes, fut découverte par le britannique James Cook en 1770. L’empire anglais souhaitait créer des colonies pénitentiaires sur ce territoire aride et hostile, qui ne sera découvert dans son intégralité que tardivement. Cependant au-delà des convicts (noms donnés aux prisonniers déplacés), toute une classe moyenne va petit à petit se constituer, de propriétaires terriens, d’officiers militaires ou d’aventuriers en quête d’or. En effet, à ses débuts, la population vit principalement de l’élevage de moutons (commerce de laine) puis, à partir de la fin du 19ème siècle, de l’exploitation de minerais (argent, plomb, or et cuivre).  Le 1er Janvier 1901, naissance du Commonwealth australien pour consolider la composante britannique. Les liens avec l’Empire britannique sont encore très forts.
Ce développement est allé au détriment des populations locales qui se voient privées petit à petit de leurs terres, parfois décimés par des maladies importées comme la variole et qui sombrent dans le désespoir voire l’alcoolisme. La question des aborigènes est un sujet très épineux encore aujourd’hui. La cause aborigène présente depuis plus de 40 000 ans sur place représente près de 500 000 habitants soit 2,4% de la population et 250 langues, car au-delà de l’île principale, une multitude de communautés sont présentes sur des iles au Nord de l’Australie (Torres Strait Islands). Au-delà des conflits sanglants passés, le gouvernement sous la tutelle britannique a clairement développé une politique blanche d’immigration (politique de « l’Australie blanche » avec dictée pour limiter la venue d’asiatiques en particulier) et d’assimilation (génération volée, enfants aborigènes enlevés de leurs familles pour être assimilés entre les années 1880 et 1960). Or la communauté aborigène s’est structurée pour la défense de ces droits, elle a obtenu en 1967 son droit de vote et en février 2008, le gouvernement australien a fait ses excuses officielles pour les injustices et mauvais traitements subis pendant 2 siècles. Donc les choses évoluent mais le traumatisme, la discrimination et le racisme restent très présents… 
Population : La majorité de la population australienne est descendante d'immigrants du XIXe et XXe siècle, des Britanniques de toutes origines : anglaise, irlandaise, écossaise et galloise. Ce n’est que milieu des années 1970, que le pays met officiellement fin aux politiques d’immigration discriminatoires. Aujourd’hui les principales minorités sont : asiatiques (5%)  et aborigènes (2,5%). Noté également une immense diaspora australienne puisque 5% des australiens vit à l’étranger. Tel les USA, l’Australie représente un eldorado, le rêve australien et beaucoup cherchent à immigrer dans ce but : réussite professionnelle (mentalité anglosaxone, chacun a sa chance, privilégie l’expérience plutôt que le diplôme) et réussite personnelle (avec un corps de rêve sculpté et bronzé). Comme en Amérique Latine, c’est toujours la société de consommation occidentale qui prime avec des tonalités américaines (en particulier sur le côté démesuré des choses, la malbouffe, les immenses centres commerciaux…). Par contre, c’est un pays où il fait bon vivre car au-delà du soleil et de la mer, l’Etat providence est très impliqué (couverture sociale, maladie, retraite, chômage). Autre particularité, le respect : nous avons été étonné par la propreté des villes et le respect des installations, pas de déchets, pas de dégradations et un sentiment permanent de sécurité.
 Parmi les problèmes sociétaux que nous avons identifiés :
1.   la question des minorités (que nous avons abordé plus haut),
2.   l’obésité : 1er pays au monde touché par l’obésité devant les américains, 26% de la population est obèse soit 4 millions. C’est en effet le pays de la malbouffe avec la présence systématique de fastfood riches en gras. Par contre, à la différence des USA, si vous souhaitez manger correctement c’est possible, l’Australie distribue de bons produits locaux en particulier des fruits et légumes bio. Par contre, ce qui est paradoxal c’est qu’il y a un vrai culte du sport et en particulier de la course à pied, apparemment réservé à une minorité de la population mais fortement active (cf. le nombre de coureurs rencontrés sur Sydney à tout heure du jour et de la nuit).
3.   Le soleil : est oui, c’est un avantage l’ensoleillement mais également un inconvénient pour 2 raisons : l’Australie est proche de l’Antarctique qui subi un trou de la couche d’ozone donc le soleil est particulièrement dangereux et les cancers sont très développés. Les australiens sont les personnes les plus attaquées par le mélanome malin et le taux du cancer de la peau est le plus élevé, 13 fois plus élevé que la moyenne des autres pays.
 A part ça, ce pays nous a paru bien sympathique, en voici nos conclusions….

III.        Notre conclusion sur ce pays
Paroles de Nicoco : nous avons eu un bref aperçu de l’Australie le temps et la zone parcourue étant assez faibles si l’on compare à l’étendu du pays cependant nous retiendrons une chose majeure : des gens souriants et assez disponibles,  la vie semble bien agréable et bien moins stressante que dans notre pays. Exemple Sydney est la plus grande ville du pays mais on n’a pas la sensation d’être dans une grande métropole qui compte près de 5 fois plus de population qu’à Marseille. La vie est plutôt chère mais les salaires de base sont plus élevés qu’en France. Les aménagements et le respect de la nature en général sont extraordinaires sur la côte que nous avons parcourue, bref les gens sont respectueux. Concernant nos choix j’ai adoré notre expérience wwoofing et notre semaine en Van, nous n’avons pas vu le temps passé et cet intermède en Australie m’a paru très court preuve que nous y avons pris beaucoup de plaisir. Je recommande vivement au gens qui veulent tenter l’expérience de se faire leur propre idée en essayant d‘éviter les « autoroutes » touristiques cela vaut vraiment la peine de s’immerger un peu dans la vie locale, ou de travailler sur place. Je regretterais pour ma part que n’ayons pas plus visité le pays dans sa globalité (il faudrait au moins 4 mois) mais en même temps c’était un choix délibérer de ne pas courir outre mesure et de s’imprégner des lieux où nous sommes allés. Bref, si nous en avions eu la possibilité, nous aurions passé un peu plus de temps sur place en Australie.

Paroles de Julie : introduction en Australie bien réussie malgré mes préjugés (américanisme, culte du corps et de l’apparence), ce pays semble bien agréable malgré la vision réduite que nous en avons eue. J’ai beaucoup apprécié la formule que nous nous sommes donnée (1 semaine de wwoofing et 1 semaine en van), car nous n’avons pas croisé beaucoup de touristes, nous n’avons pas couru comme en Argentine et en plus, nous avons limité nos dépenses tout en découvrant l’Australie dans ses traditions. Ces 3 semaines sont passées à une allure ahurissante et c’est frustrant de quitter si rapidement cet immense territoire. Ce pays est jeune, dynamique, avec une grande qualité de vie (climat, niveau de vie, Etat providence, présence de la mer et du soleil…), le seul bémol serait éventuellement qu’il manque de densité historique comme on peut l’observer aux USA.

IV.        Notre tour du monde : point après le 3ème pays
Paroles de Nicoco : Pourrait-on faire une pause !!! Arrêter le temps quelques semaines, car je crois que ca va trop vite – Pause : je veux encore trainer ma bouille dans le bush et en Amérique du Sud avec cette superbe personne qui écrit si bien. vous savez  cette personne qui m’accompagne et essaye tant bien que mal d’éviter que j’oublie des choses. Donc l’essentiel est là avec moi et auprès de moi depuis le premier jour du voyage et cela me rend heureux de partager tout cela avec elle.

Paroles de Julie : l’étape australienne m’a fait beaucoup de bien (et pourtant après la déception japonaise, ce n’était pas évident), afin de recharger les batteries (repos, soleil, mer, pays développé facile et reposant) et j’ai le sentiment qu’après l’Australie, nous passons un cap dans notre tour du monde, car nous ouvrons notre dernier chapitre vers le continent Asiatique alors que nous ne sommes par encore à la moitié du voyage….

Tout se passe toujours aussi bien entre nous, et nous découvrons jour après jour notre binôme dans de nouvelles situations. Mais pas de mauvaises surprises, juste la confirmation que nous écrivons une belle histoire ensemble et que nous sommes très heureux, sur la même longueur d’ondes.

Enfin par rapport à l’essentiel, rien de plus par rapport à mes réflexions passées, simplement cette semaine à la ferme m’a beaucoup plu, un retour aux sources (petit message personnel à la famille Garlenq-Monnin : comme quand nous allions chez Pépé Cradoc !), qui nous fait dire que la nature est importante dans notre équilibre et que nous aimerions bien vivre à la campagne, avoir notre jardin…