Fin de voyage chinois sous des contrées plus citadines puisque nous irons à la rencontre de Shanghai puis Pékin, énormes capitales tiraillées entre modernité et tradition, qui donnent le vertige. Pour rejoindre Shanghai, nous avons fait l’expérience du TGV chinois, quel choc après la lente locomotive qui nous tira quelques jours auparavant durant 15h jusqu’au Sichuan. Là, tout est très moderne, efficace et silencieux, alors pour ceux qui veulent des détails, je vous laisse demander directement à Nicoco qui a analysé de fond en comble l’appareil !
Nous commençons donc par Shanghai, la capitale économique de pays qui compte en moyenne depuis 1990, 12% de croissance annuelle. Cette ville portuaire de 20 millions d’habitants constitue une capitale internationale tournée vers le monde et la modernité. Elle a des faux airs de Hong Kong. D’ailleurs il parait que Mao la détestait car elle était le symbole du capitalisme et de l’impérialisme. Et pour cause, historiquement, Shanghai doit son principal essor à l’arrivée des Occidentaux, au milieu du 19ème siècle et à l’établissement de leurs concessions. A l’origine, toujours ces guerres de l’Opium, la défaite des chinois et le traité de Nankin qui les oblige à ouvrir 4 ports au commerce étranger, dont Shanghai. Concrètement, ces territoires restent chinois (à la différence de Hong Kong) mais ils relèvent de la législation des autorités étrangères, ce sont des enclaves quasi-coloniales. A Shanghai, l’on comptait des concessions française, anglaise et américaine. Fin de ce fonctionnement en 1943. Cependant Shanghai reste aujourd’hui le poumon économique chinois, le symbole de la modernité, la concurrente inavouée de Pékin.
Ceci étant dit, comme vous le savez ou l’avez découvert, nous ne sommes pas fans des villes, alors nous avons décidé de prendre notre parti, en visitant cette ville d’abord en faisant une petite ballade puis une croisière sur le fleuve Huangpu. A cette occasion, nous avons pu apprécier les deux quartiers emblématiques de la ville qui se font face de part et d’autre du fleuve, entre modernité et patrimoine historique : d’un côté, le Bund, ancien quai de débarquement dans les années 1920, où les gratte-ciel Art Déco de l’époque sont maintenant reconvertis en temples du luxe ; de l’autre côté, le Pudong, le quartier d’affaires, zone économique franche où les banques rivalisent entre elles en construisant des gratte-ciels toujours plus délirants. Et entre ces deux quartiers, le fleuve accueille un défilé incessant de barges transportant matériaux divers (sable, charbon, bois). Du fait du patrimoine historique mais aussi de la récente organisation de l’Exposition Universelle 2010, Shanghai est une ville de prédilection pour les amateurs d’architecture, moderne et semi-moderne, l’on découvre des bâtiments loufoques, incroyables donnant l’impression que les architectes rivalisent d’ingéniosité pour innover. Par contre, nous avons été un peu déçus par le quartier de résidence des concessions étrangères, nous nous attendions à une petite ambiance française, genre une petite boulangerie et un terrain de pétanque, mais mis à part une rue commerçante emplie de grandes enseignes internationales, quelques hôtels et des platanes, rien de plus … seule la salle de bal du cercle sportif français valait le détour (et c’est là qu’on se dit, que certains ont bien profité les années folles de 1920 !).
Nous avons donc passé 2 journées agréables, même si cette ville aurait « mérité » à notre goût un peu plus de temps, d’autant que nos soirées furent très réussies, au bord du fleuve, à admirer les bâtiments éclairés, le ballet des barges mais aussi le calme et la douceur de cette ville alors que nous nous attendions à l’agitation et la frénésie consumériste chinoise. Bonne surprise donc, allons voir maintenant du côté de Pékin….
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Photo d'époque du quai de débarquement |
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Idem |
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Bâtiments délirants pour l'expo universelle 2010 |
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Le quartier d'affaires, le Pudong |
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L'ancien quartier d'affaires des concessions, le Bund |
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La fameuse salle de bal du Cercle Sportif Français |
Arrivés à Pékin, la sensation est très différente, plus « chinoise » moins internationale, plus « traditionnelle » et moins moderne. Nous aurons là aussi très peu de temps et s’ajoute à cela également, un sentiment étrange que le retour nous rattrape déjà, connectés aux mails, déjà dans des rendez-vous professionnels et personnels, la fin du voyage nous échappe déjà. Alors du coup, ça va attrister les « puritains » du voyage, mais nous l’avons joué cool, nous avons visité la Cité Interdite et la place Tienanmen puis avons déambulé dans les « hutongs », quartiers traditionnels chinois. Nous nous sommes également accordés un petit massage, mais pour ma part, les massages énergiques chinois, ce n’est pas ma tasse de thé, j’ai eu l’impression d’avoir été battue dans le dos, pendant 3 jours, l’effet escompté inverse à celui attendu, leurs massages sont douloureux, mais si au moins ils étaient efficaces….Nous nous sommes également accordés un célèbre et traditionnel « canard laqué », c’était très bon, la tradition veut qu’on vous présente la bête puis que vous la dévoriez sous 3 états, le blanc coupé en lamelles et emballé dans une petite crêpe façon faritas, le reste frit et pour digérer le tout un petit bouillon au canard. C’était très bon, gras, mais bon, cela dit, les chinois adorent le gras et les parties qu’on méprise, comme les pattes par exemple. Ils sont fous ces chinois !!!
Bon, quelques mots cependant sur Pékin, c’est l’une des villes les plus peuplés et polluées au monde, c’est aussi une cité qui a connu un profond bouleversement dans le cadre de l’accueil des Jeux Olympiques en 2008. Pour vous donner une idée, près de 40 milliards de dollars ont été investis pour rénover / détruire près de 70% des vieux quartiers chinois (une opération « à la chinoise »). Dans ce cadre, les célèbres « hutongs », qui sont ces petits quartiers en brique grise faits de minuscules ruelles, un vrai labyrinthe où les familles s’entassent, un lieu de vie typique où vous palpez la vie pékinoise, disparaissant petit à petit. Comme point fort, il y a bien entendu la Cité Interdite, en quelques mots : ce fut la résidence impériale et le siège du pouvoir à partir de 1404. Les dynasties se succédèrent dans cette ville fortifiée de 70 hectares pouvant accueillir jusqu’à 10 000 personnes, au-delà du roi, principalement ses ministres et concubines. Alors les palais s’enchainent, tous aussi majestueux et colossaux les uns que les autres, avec leurs traditionnelles toitures oranges. Personnellement, nous n’avons pas été ébahis, c’était très beau, nous avons arpenté les rues durant plus de 3 heures et puis nous nous en sommes allés ! Par contre, devant la Cité Interdite, nous avons foulé le sol de la place Tiananmen : réputée comme étant la plus grande place du monde (équivalent de 20 stades de football), elle a été construite pour accueillir près d’un million de personnes, en particulier lors des discours ou défilés de l’époque communiste maoïste. Pour nous, elle est surtout célèbre pour cette photo, d’un jeune homme bravant une colonne de chars. Alors juste pour vous donner une petite explication, en 1989, c’est le début d’un mouvement de manifestations étudiantes demandant plus de libertés et la reprise des réformes. Ce mouvement prend de l’ampleur et inquiète le gouvernement qui décide finalement d’agir par la force en écrasant l’opposition par l’intervention de chars. C’était intéressant de se retrouver sur cette place et d’imaginer ce qu’elle avait vécu. Aujourd’hui, les chinois et touristes s’affairent au milieu de cette place entourée de bâtiments colossaux, symbole de la puissance communiste mais aussi et surtout de la dépouille de Mao Zedong.
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Le fameux canard laqué !! |
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Sur la place Tienanmen |
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La place |
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Une rencontre Confucéenne |
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Un trône parmi tant d'autres dans la Cité Interdite |
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Vue d'ensemble de la Cité Interdite |
Voilà donc le résumé de nos passages en ville, avec comme sentiments partagés, le constant mouvement et la mutation permanente de ces villes qui semblent en chantier, et bougent à une allure incroyable, au nom de la modernité et au prix du patrimoine culturel. Nous avons eu à chaque fois beaucoup de chance, car nous avons évité ce que l’on appelle localement le « smog », couvercle de pollution, ainsi que la pluie. Mais ne nous en voulez pas trop, nous avons fait ces villes au pas de course pour pouvoir consacrer du temps, à la Grande Muraille de Chine, la dernière étape de notre tour du monde….